Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une quinzaine de ces ballons captifs que les troupiers appellent des « saucisses » formaient un demi-cercle aérien, et veillaient…

De l’autre côté des collines, veillaient pareillement les ballons allemands, dans le brouillard violacé, à l’orient.

La nuit vint et les ballons demeurèrent fidèlement à leur poste. Nous étions au centre d’un cirque de feu, tissu par tous les éclairs de la canonnade. Au sud-ouest, pourtant, une brèche noire s’ouvrait, et l’on sentait là comme un couloir libre vers l’intérieur du pays et vers le silence. À quelques centaines de mètres de nous, un carrefour continuellement visé par l’ennemi retentissait du choc des obus, assénés sur le sol avec violence, comme des marteaux. Nous trouvions souvent à nos pieds des éclats d’acier, encore chauds et qui, parfois, semblaient, dans l’ombre, légèrement phosphorescents.


*


À compter de ce jour, une adroite combinaison de nos heures et de nos moyens nous permit de prendre à tour de rôle quelques instants de repos.