Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les étrangers hochent la tête d’admiration, et Marie se retient de crier. Il rougit un peu et son cou se gonfle à cause de l’orgueil. Avec les yeux, il fait un petit signe, comme pour dire : « Mais oui, seul, tout seul avec les voitures ! » Et, pendant ce temps, le pansement se trouve à peu près achevé.

Il faut que le monde entier sache que Marie est resté seul avec les voitures. Je me suis promis d’épingler ce témoignage sur la pension du gouvernement.


*


Carré n’a vu le feu qu’une fois, et, tout de suite, il a reçu un coup de fusil. Il en demeure contrarié, car il avait une bonne provision de courage, et c’est entre les murs d’un hôpital qu’il lui faut la gaspiller.

Il s’est avancé à travers un immense champ de betteraves, et il a couru, avec les autres, au devant d’un fin brouillard blanc. Tout à coup, crac ! il est tombé : il avait la cuisse brisée. Il est tombé parmi les feuilles grasses, sur la terre toute gonflée d’eau.