Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/47

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Malgré nos soins, malgré nos assurances fraternelles, Carré a eu une si grande honte qu’il en a pleuré. Lui qui disait toujours qu’un homme ne doit pas pleurer, lui qui ne pleurait pas au milieu des pires souffrances, il a sangloté de honte pour cette chose ; il a sangloté sans larmes. Et je ne pouvais pas le consoler.


*


Il n’écoute plus tout ce qu’on lui dit. Il ne répond plus à ce qu’on lui demande. Il est souvent absent d’une mystérieuse absence.

Lui qui aimait un si fier langage, il s’exprime et se plaint avec des mots et des cris d’enfant.

Parfois, il remonte des profondeurs et parle.

Il nous entretient de la mort avec une lucide imagination qui ressemble à de l’expérience.

Parfois, il la voit… Et, pour la voir, ses pupilles s’élargissent brusquement.

Mais il ne veut pas, il ne peut pas se décider.

Il lui faut encore souffrir un peu plus.

Dans l’ombre, je m’approche du lit. Son souffle