Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/58

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désobéirait pour la première fois de sa vie. Il ne faut même pas songer à lui retirer ses vêtements, les vêtements ne manquent jamais au brave.

Mehay s’est donc levé, et sa maladie a été bel et bien terminée.

Tous les matins, Mehay sort du lit avant le jour, et il saisit un balai. Avec précision et rapidité, il fait la salle nette comme son cœur. Il n’oublie aucun coin, et il sait passer doucement sous les lits sans réveiller les camarades qui dorment, sans importuner ceux qui souffrent ! Entre temps, Mehay donne le bassin, ou le « pistolet », et il a toutes les douceurs d’une femme pour aider à se vêtir Vossaert, dont les membres sont gourds et douloureux.

À huit heures, la salle est bien propre, et, comme on va commencer les pansements, Mehay apparaît soudain avec un beau tablier blanc. Il considère attentivement mes mains qui vont et viennent, et il se trouve toujours être à la bonne place pour présenter les compresses à la pince tendue, pour verser l’alcool ou donner un tour de bande, car il a su tout de suite disposer très adroitement une bande.