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Page:Duhem - ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ.djvu/140

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qui ont posé cette mobilité « n’ont pas cru qu’elle fût vraie en fait et dans la nature », qu’ils l'ont seulement admise par supposition, afin de pouvoir plus aisément satisfaire aux apparences des mouvements célestes, afin de rendre plus commodes les calculs astronomiques.

En affirmant que Copernic croyait à la réalité des hypothèses formulées au livre De revolutionibus ; en prouvant, par l’analyse de cet ouvrage, que Copernic n’admettait pas la mobilité de la Terre et l’immobilité du Soleil seulement ex suppositione, comme le voulaient Osiander et Bellarmin, Galilée gardait la vérité historique. Mais ce qui nous intéresse plus que son avis d’historien, c’est son opinion de physicien. Or celle-ci se laisse aisément deviner en la pièce que nous analysons. Galilée pensait que la réalité du mouvement de la Terre est non seulement démontrable, mais déjà démontrée.

Cette pensée se manifeste plus clairement encore en un autre texte ; en celui-ci, nous voyons non seulement que Galilée pensait que l'on pouvait démontrer les hypothèses copernicaines, mais nous apprenons encore comment il entendait que la démonstration fût conduite :

« Ne point croire1 que le mouvement de la Terre soit susceptible de démonstration tant que cette démonstration n’a pas été exposée est une conduite très prudente ; aussi ne demandons-nous pas que personne croie une telle chose sans démonstration ; la seule chose que nous recherchions c’est que, pour le bien de la Sainte Église, on examine avec une extrême sévérité tout ce qu’ont produit ceux qui suivent une telle doctrine ou tout ce qu’ils pourraient produire ; qu’on n’admette aucune de leurs propositions, à moins que les arguments dont elle tire sa force ne surpassent de beaucoup les raisons de l’autre partie ; que leur avis soit rejeté lorsqu'ils n’ont pas pour eux plus de quatre-vingt-dix pour cent des raisons. Mais, en revanche, lorsqu'il aura été prouvé que l'opinion produite par les philosophes et les astronomes de la partie adverse est

1. DOMENICO BERTI, Op. cit., pp. 129-130.