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Page:Duhem - ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ.djvu/139

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immobile au centre du Monde, qu'il tourne seulement sur lui-même, sans courir d’orient en occident, que la Terre occupe le troisième ciel et qu’elle tourne avec une grande vitesse autour du Soleil, c’est chose fort périlleuse ; cela risque non seulement d’irriter tous les philosophes et tous les théologiens scolastiques, mais encore de nuire à la foi et de rendre fausse la Sainte Écriture...

« Si l’on avait une démonstration certaine que le Soleil se tient au centre du Monde, que la Terre est au troisième ciel, que ce n’est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, mais la Terre qui tourne autour du Soleil, alors, il faudrait procéder avec beaucoup de circonspection en l’explication de l’Écriture... Mais qu’une telle démonstration existe, je ne le croirai pas tant qu’on ne me l’aura pas montrée. Autre chose est de prouver que l'on sauve les apparences en supposant que le Soleil est au centre du Monde et que la Terre est dans le Ciel, autre chose est de démontrer qu’en vérité le Soleil est au centre du Monde et la Terre dans le Ciel. En ce qui concerne la première démonstration, je crois qu’elle peut être donnée ; mais de la seconde, je doute fort ; et en cas de simple doute, vous ne devez pas abandonner l’Écriture telle que les Saints Pères l’ont exposée... »

Galilée eut connaissance de la lettre adressée par Bellarmin au P. Foscarini ; divers écrits rédigés entre le moment où il eut communication de cette lettre et sa première condamnation contiennent des ripostes aux arguments du Cardinal ; la lecture de ces écrits dont M. Berti a, le premier, publié des extraits, nous fait saisir sur le vif la pensée de Galilée touchant les hypothèses astronomiques.

Une pièce1, rédigée vers la fin de l’année 1615 et destinée aux consulteurs du Saint-Office, les met en garde contre deux erreurs : La première consiste à prétendre que la mobilité de la Terre est, en quelque sorte, un immense paradoxe et une sottise manifeste qui n’a pas été démontré jusqu'ici et qui ne pourra jamais être démontré. La seconde est de croire que Copernic et les autres astronomes

1. DOMENICO BERTI, Op. cit., pp. 132-133.