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res solides convenablement agencées. Une hypothèse leur semble compatible avec la nature des choses lorsqu'un habile tourneur la peut réaliser avec du métal ou du bois. Combien de nos contemporains n'ont point, de la saine Physique une autre conception !

Théon de Smyrne, d'ailleurs, avoue sans ambages l'extrême importance qu'il accorde à ces représentations matérielles ; il nous apprend[1] qu'il avait construit un agencement de sphères solides capable de figurer la théorie astronomique de Platon ; « Platon dit, en effet, qu'on ferait un travail inutile si l’on voulait exposer ces phénomènes sans des images qui parlent aux yeux. »

Théon va plus loin encore ; il attribue[2] à Platon lui-même l'opinion qui rejette le mouvement excentrique des planètes pour leur donner un mouvement suivant un épicycle dont le centre parcourt un cercle concentrique au monde.

En réalité, Platon n'avait jamais eu à formuler une telle préférence, car jamais, sans doute, ni l'hypothèse de l'excentrique, ni Thypothèse de Pépicycle ne s'était présentée à son esprit ; les révolutions homocentriques à l'Univers sont les seules auxquelles il ait jamais fait allusion dans ses écrits ; Proclus a eu grandement raison d'affirmer à plusieurs reprises[3] cette vérité.

Adraste et Théon, cependant, n'avaient pas entièrement tort en se réclamant des principes de la Physique platonicienne. Platon attribuait à chaque astre un mouvement de rotation autour de son propre centre ; il semble, dès lors, que la rotation de la sphère épicycle sur elle-même n'eût point choqué ses doctrines touchant les révolutions célestes ; il semble qull eût pu se rallier à la théorie du Soleil proposée par Hipparque. Seule, la Physique d'Aristote était vrai-

  1. Théon de Smyrne, Op. cit., ch. XVI ; éd. Th. H. Martin, p. 203 ; éd. J. Dupuis, p. 239.
  2. Théon de Smyrne, Op. cit., ch. XXXIV ; éd. Th. H. Martin, p. 303; éd. J. Dupuis, p. 305.
  3. Progli Diadochi In Platonis Timaeum commentaria. Edidit Ernestus Diehl ; Lipsiae, 1903-1906. Βιβλίον Γ (Tim. 36 D), t. II, p. 364 ; Βιβλίον Δ (Tim. 39 DE), l. III, p. 96 ; Βιβλίον Δ (Tim. 40 CD), t. III, p. 146.