Page:Duhem - ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ.djvu/26

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ment incompatible avec l'existence des épicycles ; incapable d'aucune altération, inaccessible à toute violence, l'essence céleste ne pouvait, selon cette Physique, manifester d'autre mouvement que son mouvement naturel ; et son seul mouvement naturel était la rotation uniforme autour du centre de l'Univers. Pour Adraste d'Aphrodisie et pour Théon de Smyrne, vraisemblablement aussi pour Dercyllide, le mathématicien devait porter son choix sur une hypothèse astronomique qui fût conforme à la nature des choses. Mais, pour ces philosophes, cette conformité ne s'appréciait plus au moyen des principes de Physique qu'Aristote avait posés ; elle se reconnaissait à la possibilité de construire avec des sphères solides convenablement emboîtées un mécanisme qui représentât les mouvements célestes ; le mouvement d'une planète, entraînée par la révolution d'un excentrique dont le centre parcourt un cercle concentrique au Monde, se laissait ainsi figurer par l'art du tourneur ; c'était donc une hypothèse que le physicien pouvait recevoir, en dépit des propriétés de la cinquième essence péripatéticienne, tout aussi bien que le système des sphères homocentriquesd'Eudoxe, de Calippe et d'Aristote. Les progrès de l'Astronomie rendirent bientôt intenable la position prise par Adraste et par Théon. Du jour où Ptolémée, pour représenter les inégalités du mouvement planétaire, fit porter chaque planète par un épicycle dont le centre, au lieu de demeurer toujours à égale distance du centre de l'Univers, décrivait un cercle excentrique au Monde, l'agencement de sphères imaginé par Adraste d'Aphrodisie et par Théon de Smyrne devint incapable de représenter une telle marche. Cette incapacité crût à chacune des complications que Ptolémée fut contraint d'apporter aux hypothèses primitives d'Hipparque, afin que les phénomènes fussent sauvés. Assurément, un péripatéticien ne pouvait déclarer les hypothèses de la Syntaxe conformes aux principes de sa Physique, car elles ne réduisaient pas tous les mouvements célestes à des révolutions homocentriques ; mais un disciple d'Adraste et de Théon ne pouvait, davantage, les re-