Page:Duhem - ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 27 —

laires, uniformes, toujours de même sens, de sauver les mouvements apparents des astres errants. »

Cette doctrine de Simplicius est semblable de tout point à celle qu’avait formulée Posidonius et dont Géminus avait conservé l’énoncé. Nous n’avons donc pas à nous étonner que Simplicius ait inséré cet énoncé dans ses commentaires à la Physique d’Aristote et qu’il ait paru y voir la meilleure définition des rôles respectifs du mathématicien et du physicien.


II
La Philosophie des Arabes et des Juifs.

Avec autant de persévérance que de succès, le génie géométrique des Grecs s’était efforcé à décomposer le mouvement compliqué et irrégulier de chaque astre errant en un petit nombre de mouvements circulaires simples. Leur génie logique et métaphysique s’était appliqué, de son côté, à l’examen des compositions de mouvements imaginées par les astronomes ; après quelques hésitations, il s’était refusé à regarder les excentriques et les épicycles comme des corps doués, au sein des cieux, d’une existence réelle ; il n’avait voulu y voir que des fictions de géomètres, propres à soumettre au calcul les phénomènes célestes ; pourvu que ces calculs s’accordassent avec les observations, pourvu que les hypothèses permissent de sauver les apparences, le but visé par l’astronome était atteint ; les hypothèses étaient utiles ; seul le physicien eût été en droit de dire si elles étaient ou non conformes à la réalité ; mais, dans la plupart des cas, les principes qu’il pouvait affirmer étaient trop généraux, trop peu détaillés pour l’autoriser à prononcer un tel jugement.

Les Arabes n’ont pas reçu en partage la prodigieuse ingéniosité géométrique des Grecs ; ils n’ont pas connu davantage la précision et la sûreté de leur sens logique. Ils n’ont apporté que de bien minces perfectionnements aux hypothèses par lesquelles l’Astronomie hellène était parve-