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auteurs ont voulu atteindre, pour la mesure qu’ils avaient définie et décrite… Les mouvements des cercles et le point fictif que Ptolémée avait considérés d’une manière entièrement abstraite, nous les placerons en des surfaces sphériques ou planes qui seront animées des mêmes mouvements. Cela, en effet, constitue une représentation plus exacte et, en même temps, plus claire à l’intelligence… Nos démonstrations seront plus courtes que celles où l’on fait seulement usage de ce point idéal et de ces cercles fictifs… Nous avons examiné les divers mouvements qui se produisent à l’intérieur des orbes, de telle sorte que nous fassions correspondre à chacun de ces mouvements le mouvement simple, continu et éternel d’un corps sphérique ; et tous ces corps, attribués ainsi à chacun de ces mouvements, il sera possible de les mettre simultanément en action, sans que cette action soit contraire à la position qu’on leur a donnée, sans rien rencontrer qui les heurte, les comprime ou les brise d’aucune manière ; de plus ces corps, en leurs mouvements, demeureront continus avec la substance interposée… »

Thâbit ibn Kourrah, Ibn-al-Haitam sont de la même famille intellectuelle qu’Adraste d’Aphrodisie et que Théon de Smyrne ; des hypothèses abstraites, réduites à de simples fictions géométriques, ne sauraient les satisfaire, si propres soient-elles à sauver les phénomènes ; mais lorsqu’ils ont représenté ces hypothèses au moyen de corps solides qui se laissent tourner et sculpter, qui puissent rouler les uns sur les autres, leur imagination, dont les besoins sont assouvis, se prend pour la raison et croit avoir pénétré la nature même des choses.

En tout temps, il s’est rencontré de tels esprits. Il en fut donc aux époques qui suivirent Ibn-al-Haitam. En la préface de sa traduction du Résumé d’Astronomie, Prophatius nous dit[1] qu’un homme « venu d’une terre éloignée, qui trouvait les démonstrations du livre d’Al-Fergani en discordance avec la nature des choses existantes, l’a

  1. Steinschneider, loc. cit., p. 723.