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ses conséquences pussent être soumises au contrôle de l’expérience.

Les Averroïstes ont proclamé bien haut qu’ils possédaient les vérités de Physique d*où devait découler toute Astronomie recevable ; comme Al-Bitrogi, ils ont tracé le plan de la théorie qu’ils proposaient de construire sur ces fondements ; mais, encore comme Al-Bitrogi, ils se sont bien gardés d’élever Tédifice jusqu’au faîte ; ils n’ont pas détaillé leur système à tel point que l’ont pût le réduire en tables et comparer les indications de ces tables aux constatations des observateurs.

« Nous n’avons pas l’intention, dit Alessandro Achillini[1], d’exposer selon notre supposition les causes propres de toutes les variétés que présentent les mouvements célestes. C’est une tâche qu’il faut laisser aux astronomes. Conduits comme par la main par ce que nous avons dit, ils sauront, j’en ai l’assurance, scruter et élaborer toutes choses au point de donner ce complément à nos théories.

En rendant compte des mouvements des planètes, dit Fracastor[2], nous avons négligé les calculs d’une extrême exactitude, et personne ne s’en étonnera ; nous avons jugé, en effet, que ces calculs n’appartenaient aucunement à notre œuvre ; nous avons admis que ces évaluations minutieuses devaient être demandées à des tables et que les tables mêmes qui sont en usage pourraient être très aisément accommodées à nos homocentriques.

Peut-être, en cet ouvrage, ne trouvera-t-on rien d’achevé, dit Gianbattista Amico[3], mais je croirai avoir assez fait si j’ai pu exciter des esprits plus illustres au désir de rendre plus claire cette explication. » Les Averroïstes n’ont pas voulu admettre que l’Astronomie eût atteint son but lorsqu’elle était parvenue à sauver les apparences ; du moins n’ont-ils point osé nier que la condition de s’accorder avec les phénomènes lui fût imposée ;

  1. Alexandri Achillini De orbibus liber primus, in fine.
  2. Hieronymi Fracastori Homocentricorum, sive de stellis, liber unus, cap. ultimum in fine.
  3. Joannis Baptistæ Amigi Cosentini De motibus eorporum cœlettium ; Epist. ad Card. Nicolaum Rodalpham.