Page:Duhem - ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 60 —

ils n’ont pu, cependant, reconnaître si leurs théories se soumettaient à cette indispensable condition.

Si les Averroïstes étaient victimes de cette illusion que l’on peut, d’une doctrine métaphysique, déduire une théorie astronomique, les partisans du système de Ptolémée se laissaient parfois séduire par une autre illusion ; ils croyaient que l’exacte constatation des phénomènes pouvait conférer la certitude aux suppositions destinées à rendre compte de ces faits ; par des voies opposées, les uns et les autres aboutissaient à la même erreur ; ils attribuaient une réalité véritable aux hypothèses qui portent la théorie astronomique.

Francesco Capuano de Manfredonia (ou de Maria Siponto) qui fut professeur d’Astronomie à l’Université de Padoue, et qui échangea son prénom contre celui de Giovanni Battista lorsqu’il quitta le Siècle pour entrer dans l’ordre des Chanoines réguliers de Latran, fut victime de la seconde illusion.

En 1495, Francesco Capuano fit imprimer à Venise un Commentaire à la Théorie des planètes[1]de Georges de Peurbach ; ce commentaire eut ensuite un grand nombre d’éditions.

Capuano consacre plusieurs pages de son écrit à réfuter les objections que les Averroïstes ont élevées contre les épicycles et les excentriques ; les objections qu’il réfute ne sont pas seulement celles d’Averroès, mais aussi celles qui ont été adressées à Capuano lui-même par « quidam subtilis hujus ætatis, et noster conterraneus Averrois imitator » ; par ces mots, le professeur d’Astronomie de l’Université de Padoue désigne assurément son collègue Alessandro Achillini.

Le commentateur de Peurbach ne se contente pas d’établir que les hypothèses de Ptolémée sont recevables ; il veut, en outre, qu’elles soient vraies ; il prétend le prouver,

  1. Theorice nove planetarum Georgii Purbachii astronomi celebralissimi, ac in eas eximii artium et medîcine docioris Domini Franasci Capuani de Manfredonia in studio Patavino astronomiam publice legentis sublimis expositio et luculentissimum scriptum. Venetiis, per Simonem Bevilaquam Papiensem. Cum gratia. Anno Salutis 1495, die decimo Augusti.