Page:Duhem - ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ.djvu/74

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« Mais que nous allions supposer que les étoiles elles-mêmes se trouvent posées sur de semblables cercles, qu’elles sont par eux entraînées comme elles le seraient par des chars, ce serait entièrement absurde.

« Et d’abord, ces cercles, qui les mettrait en mouvement ? Dira-t-on qu’ils se meuvent par leur propre nature ? Pourquoi, dans ce cas, les corps des étoiles ne se mouvraient-ils pas de même, par leur propre nature ? Qu’a-t-on besoin d’actions étrangères là où suffisent les forces propres ? Et puis les corps des étoiles se voient, car ils sont formés par une solidification (concretio) de la substance de leur orbite. Si ce qui est porté est visible parce qu’une solidification Ta formé, les cercles qui portent les astres résultent aussi d’une solidification ; ces cercles solides devraient donc être visibles à nos yeux.

« Or, on ne les voit pas parce qu’en réalité ils n’existent pas ; la pensée seule les voit, lorsqu’elle cherche à comprendre ou à enseigner. Dans le Ciel, en effet, toutes ces lignes et toutes ces intersections de lignes n’existent aucunement ; elles ont été imaginées par des hommes très ingénieux, en vue de l’enseignement et de la démonstration, parce que, sans ce procédé, il serait presque impossible de communiquer à autrui la science astronomique, la connaissance des mouvements célestes...

« Ainsi donc les cercles, les épicycles et toutes les suppositions de ce genre doivent être tenus pour imaginaires ; ils n’ont, dans le Ciel, aucune existence réelle ; ils ont été inventés et imaginés pour faire saisir les mouvements célestes et pour les exposer à nos regards eux-mêmes.

« Les augures qui observent le vol des oiseaux partagent tout l’espace aérien à l’aide de certaines lignes. Ceux qui se proposent de mesurer l’étendue des terres, en distinguent les diverses parties, qu’ils nomment climats, au moyen de certaines lignes menées de l’orient à l’occident....Cependant, il n’existe point de ligne sur la terre, il n’en existe pas dans l’air ; encore moins s’en trouve-t-il au sein des orbes célestes....

« Tenons ces suppositions pour douées d’une sorte de vertu divine lorsqu’il s’agit d’enseigner et de démontrer ;