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l’objet de la théorie physique

thèses nettement formulées sur la constitution de l’éther et de la matière pondérable, une suite de calculs conduits méthodiquement à partir de ces hypothèses, une comparaison exacte entre les conséquences de ces calculs et les faits d’expérience ; grand sera son désappointement, mais courte sa méprise ! Ce n’est point une théorie ainsi ordonnée que W. Thomson a prétendu construire ; il a voulu[1] simplement considérer diverses classes de lois expérimentales et, pour chacune de ces classes, construire un modèle mécanique. Autant de catégories de phénomènes, autant de modèles distincts pour représenter le rôle de la molécule matérielle dans ces phénomènes.

S’agit-il de représenter les caractères de l’élasticité en un corps cristallisé ? La molécule matérielle est figurée[2] par huit boules massives qui occupent les sommets d’un parallélipipède et que relient les unes aux autres un nombre plus ou moins grand de ressorts à boudin.

Est-ce la théorie de la dispersion de la lumière qu’il s’agit de rendre saisissable à l’imagination ? La molécule matérielle se trouve composée[3] d’un certain nombre d’enveloppes sphériques, rigides, concentriques, que des ressorts à boudin maintiennent en une semblable position. Une foule de ces petits mécanismes est semée dans l’éther. Celui-ci est[4] un corps homogène, incompressible, rigide pour les vibrations très rapides, parfaitement mou pour les actions

  1. W. Thomson : Loc. cit., p. 132.
  2. W. Thomson : Loc. cit., p. 127.
  3. W. Thomson : Loc. cit., pp. 10, 105, 118.
  4. W. Thomson : Loc. cit., p. 9.