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l’objet de la théorie physique

tricité construits à la façon d’un gâteau de miel ; les parois des cellules formées non pas de cire, mais d’un corps élastique dont les déformations figurent les actions électrostatiques ; le miel remplacé par un fluide parfait qu’anime un rapide mouvement tourbillonnaire, image des actions magnétiques.

Cette collection d’engins et de mécanismes déconcerte le lecteur français qui cherchait une suite coordonnée de suppositions sur la constitution de la matière, une explication hypothétique de cette constitution. Mais une telle explication, à aucun moment W. Thomson n’a eu l’intention de la donner ; sans cesse, le langage même qu’il emploie met en garde le lecteur contre une telle interprétation de sa pensée. Les mécanismes qu’il propose sont « des modèles grossiers[1] », des « représentations brutales[2]» ; ils sont « mécaniquement non naturels, unnatural mechanically[3] » ; « la constitution mécanique des solides supposée dans ces remarques et illustrée par notre modèle ne doit pas être regardée comme vraie en nature[4]  » ; « il est à peine besoin de remarquer que l’éther que nous avons imaginé est une substance purement idéale[5]». Le caractère tout provisoire de chacun de ces modèles se marque dans la désinvolture avec laquelle l’auteur les abandonne ou les reprend selon les besoins du phénomène qu’il étudie : « Arrière[6] nos cavités sphériques avec leurs enveloppes rigides et concentriques ; ce n’était, vous vous en souve-

  1. W. Thomson : Lectures on molecular Dynamics, pp. 11, 105.
  2. W. Thomson : Op. cit., p. 11.
  3. W. Thomson : Op. cit., p. 105.
  4. W. Thomson : Op. cit., p. 131.
  5. W. Thomson : Scientific Papers, vol. III, p. 464.
  6. W. Thomson : Lectures on molecular Dynamics, p. 280.