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quantité et qualité

d’un mouvement très prompt et très violent ». Qu’est-ce que la lumière ? Une pression exercée sur l’éther par le mouvement des corps enflammés et transmise instantanément aux plus grandes distances. Toutes les qualités des corps, sans aucune omission, se trouvent expliquées par une théorie où l’on ne considère que l’étendue géométrique, les diverses figures que l’on y peut tracer et les divers mouvements dont ces figures sont susceptibles. « L’Univers est une machine en laquelle il n’y a rien du tout à considérer que les figures et les mouvements de ses parties. » Ainsi la Science entière de la nature matérielle est réduite à une sorte d’Arithmétique universelle d’où la catégorie de la qualité est radicalement bannie.



§ V. — Les diverses intensités d’une même qualité sont
exprimables par des nombres.

La Physique théorique, telle que nous la concevons, n’a pas le pouvoir de saisir, sous les apparences sensibles, les propriétés réelles des corps ; elle ne saurait donc, sans excéder la portée légitime de ses méthodes, décider si ces propriétés sont qualitatives ou quantitatives ; en apportant sur ce point une affirmation, le Cartésianisme manifestait des prétentions qui ne nous paraissent plus soutenables.

La Physique théorique ne saisit pas la réalité des choses ; elle se borne à représenter les apparences sensibles par des signes, par des symboles. Or, nous voulons que notre Physique théorique soit une Physique mathématique, partant que ces symboles soient des symboles algébriques, des combinaisons de nom-