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la structure de la théorie physique

senter les diverses intensités d’une qualité, le chaud, repose en entier sur ces deux propositions :

Si le corps est aussi chaud que le corps et le corps aussi chaud que le corps , le corps est aussi chaud que le corps .

Si le corps est plus chaud que le corps et le corps plus chaud que le corps , le corps est plus chaud que le corps .

Ces deux propositions, en effet, suffisent pour que les signes , puissent représenter les relations que peuvent avoir les unes avec les autres les diverses intensités de chaleur, comme ils permettent de représenter les relations mutuelles des nombres ou les relations mutuelles des divers états de grandeur d’une même quantité.

Si l’on me dit que deux longueurs sont respectivement mesurées par les nombres 5 et 10, sans me fournir aucune autre indication, on me donne à l’égard de ces longueurs certains renseignements ; je sais que la seconde est plus longue que la première ; je sais même qu’elle en est le double. Ces renseignements, toutefois, sont fort incomplets ; ils ne me permettront pas de reproduire une de ces longueurs, ni même de savoir si elle est grande ou petite.

Ces renseignements vont se trouver complétés si, non content de me donner les nombres 5 et 10 qui mesurent deux longueurs, on me dit que ces longueurs sont mesurées en mètres et si l’on me présente le mètre-étalon ou l’une de ses copies ; je pourrai alors, quand il me plaira, reproduire, réaliser ces deux longueurs.

Ainsi les nombres qui mesurent des grandeurs de