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la structure de la théorie physique

et les faits observés nous serviraient à découvrir cette cause et à en analyser les effets.

Ainsi, conclut M. Ed. Le Roy, « les lois sont invérifiables, à prendre les choses en toute rigueur…, parce qu’elles constituent le critère même auquel on juge les apparences et les méthodes qu’il faudrait utiliser pour les soumettre à un examen dont la précision soit susceptible de dépasser toute limite assignable ».

Reprenons plus en détail, à la lumière des principes précédemment posés, cette comparaison entre la loi de la chute des corps et l’expérience.

Nos observations quotidiennes nous ont fait connaître toute une catégorie de mouvements que nous avons rapprochés les uns des autres sous le nom de mouvements des corps graves ; parmi ces mouvements se trouve la chute qu’éprouve un corps grave lorsqu’il n’est gêné par aucun obstacle. Il en résulte que ces mots : « chute libre d’un corps grave » ont un sens pour l’homme qui fait appel aux seules connaissances du sens commun, qui n’a aucune notion des théories physiques.

D’autre part, pour classer les lois des mouvements dont il s’agit, le physicien a créé une théorie, la théorie de la pesanteur, application importante de la Mécanique rationnelle ; en cette théorie, destinée à fournir une représentation symbolique de la réalité, il est également question de « chute libre d’un corps grave » ; par suite des hypothèses qui supportent tout ce schéma, une chute libre doit être nécessairement une chute uniformément accélérée.

Les mots « chute libre d’un corps grave » ont mainte-