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le choix des hypothèses

marchent l’un vers l’autre et tendent à se ressouder. La vertu magnétique est donc telle qu’elle tende à conserver l’intégrité de l’aimant ou bien, lorsque cet aimant a été rompu, à reconstituer un aimant unique ayant ses pôles disposés comme l’aimant primitif[1].

La gravité a une raison d’être analogue. Les éléments terrestres sont doués d’une forme substantielle telle qu’ils restent unis à l’astre dont ils font partie et lui conservent la figure sphérique. Précurseur de Copernic, Léonard de Vinci proclame déjà[2] «comment la Terre n’est pas au milieu du cercle du Soleil, ni au milieu du Monde, mais est bien au milieu de ses éléments qui l’accompagnent et lui sont unis ». Toutes les parties de la Terre tendent au centre de gravité de la Terre, et, par là, est assurée la forme sphérique de la surface des eaux, forme dont la goutte de rosée donne l’image.

Copernic, au début du Ier livre de son traité sur les révolutions célestes[3], s’exprime presque dans les mêmes termes que Léonard de Vinci et se sert des mêmes comparaisons. « La Terre est sphérique, car toutes ses parties s’efforcent vers son centre de gravité. » L’eau et la terre y tendent toutes deux, ce qui donne à la surface des eaux la forme d’une portion de sphère ; la sphère serait parfaite si les eaux étaient en quantité suffisante. D’ailleurs, le Soleil, la Lune, les planètes ont aussi la forme sphérique qui, en chacun de ces

  1. Petrus Peregrinus: Loc. cit., Ire part., c. ix.
  2. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien, Ms. F. de la Bibliothèque de l’Institut, fol. 41, verso. — Ce cahier porte la mention : Commencé à Milan, le 12 septembre 1508.
  3. Nicolai Copernici De revolutionibus orbium cœlestium libri sex ; 1. I, cc. i, ii, iii, Norimbergæ, 1543.