Page:Duhem - La Théorie physique, 1906.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
378
la structure de la théorie physique

de telles sympathies ; nous verrons, d’ailleurs, que le rôle des médecins et des astrologues ne fut pas de minime importance dans le développement de la doctrine de l’attraction universelle.

Nul n’a donné à cette doctrine des sympathies de plus amples développements que Guillaume Gilbert. Dans l’ouvrage, capital pour la théorie du magnétisme, par lequel il termine l’œuvre scientifique du xvie siècle, Gilbert exprime, au sujet de la gravité, des idées semblables à celles que Copernic avait émises : « Le mouvement simple et droit vers le bas considéré par les péripatéticiens, le mouvement du grave, dit-il[1], est un mouvement de réunion (coacervatio) des parties disjointes qui, à cause de la matière qui les forme, se dirigent en lignes droites vers le corps de la Terre, ces lignes menant au centre par le plus court chemin. Les mouvements dès parties magnétiques isolées de la Terre sont, outre le mouvement qui les réunit au tout, les mouvements qui les unissent entre elles, et ceux qui les font tourner et les dirigent vers le tout, en vue de la symphonie et de la concordance de la forme. » — « Ce mouvement rectiligne[2], qui n’est que l’inclination vers son principe, n’appartient pas seulement aux parties de la Terre, mais aussi aux parties du Soleil, à celles de la Lune, à celles des autres globes célestes. » Non point, d’ailleurs, que cette vertu attractive soit une gravité universelle ; c’est une vertu propre à chaque astre, comme le magnétisme Test à la Terre ou

  1. Gulielmi Gilberti Colcestrensis, medici Londinensis, De magnete, magneticis corporibus, et de magno magnete Tellure, physiologia nova ; Londini, 1600, p. 225.
  2. Gilbert : Loc. cit., p. 227.