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le choix des hypothèses

prendrait la mer si elle était soumise à l’action d’un seul astre ; en les composant, on expliquera les diverses particularités de la marée.

La théorie de Frédéric Grisogone le Zaratin ne tarde pas à se répandre. En 1557, l’illustre mathématicien, médecin et astrologue Jérôme Cardan l’expose sommairement[1]. Vers le même temps, Federico Delfino enseigne à Padoue une théorie des marées qui dérive du même principe[2]. Trente ans plus tard, Paolo Gallucci reproduit la théorie de Frédéric Grisogone[3], tandis qu’Annibale Raimondo[4] expose et commente les deux doctrines de Grisogone et de Delfino. Enfin, au moment où s’achève le xvie siècle, Claude Duret reproduit[5] impudemment sous son nom la doctrine de Delfino.

L’hypothèse d’une action du Soleil sur les eaux de la mer, action toute semblable à celle qu’exerce la Lune, avait déjà fait ses preuves, elle avait déjà fourni une théorie très satisfaisante du flux et du reflux, lorsque Morin se prit à l’invoquer dans son libelle contre Gassendi.

Gassendi s’élève avec force contre la vertu magnétique par laquelle la Lune attirerait les eaux terres-

  1. Hieronymi Cardani De rerum varietate libri XVII ; Basileæ, MDLVII, l. II, cap. xiii.
  2. Federici Delphini De fluxu et refluxu aquæ maris ; Venetiis MDLIX ; deuxième édition, Basileæ, MDLXXVII.
  3. Pauli Gallucii Theatrum mundi et temporis, MDLXXXVIII, p. 70.
  4. Annibale Raimondo: Trattato del flusso e reflusso del mare, in Venetia, 1589.
  5. Discours de la vérité des causes et effects, des divers cours, mouvements flux et reflux et saleure de la mer Océane, mer Méditerranaée et autres mers de la Terre, par M. Claude Duret, conseiller du Roy, et premier juge au siège présidial de Moulins en Bourbonnais. À Paris, chez Jacques Rezé, MDC.