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la structure de la théorie physique

aussi, par leur pouvoir attractif, une influence considérable sur le mouvement de la Terre, de même que la Terre en a une puissante sur le mouvement de ces corps. » Hooke sait enfin que « les pouvoirs attractifs s’exercent avec plus d’énergie à mesure que les corps sur lesquels ils agissent s’approchent du centre dont ils émanent ». Il confesse qu’ « il n’a pas encore déterminé par expérience quels sont les degrés successifs de cet accroissement pour des distances diverses ». Mais il supposait dès ce moment que l’intensité de ce pouvoir attractif suivait la raison inverse du carré de la distance, bien qu’il n’ait point énoncé cette loi avant 1678. Son affirmation à cet égard est d’autant moins invraisemblable qu’à la même époque, son confrère de la Société Royale, Wren, était déjà, au témoignage de Newton et de Halley, en possession de cette loi. Hooke et Wren l’avaient sans doute tirée, l’un et l’autre, de la comparaison entre la gravité et la lumière, comparaison qui, vers le même moment, la faisait aussi soupçonner par Halley.

Hooke est donc en possession, dès 1672, de tous les postulats qui serviront à construire le système de l’attraction universelle ; mais de ces postulats, il ne peut tirer parti ; la difficulté qui a arrêté Borelli l’arrête à son tour ; il ne sait point traiter le mouvement curviligne que produit une force variable en grandeur et en direction ; il est contraint de publier ses hypothèses, encore stériles, en souhaitant qu’un géomètre plus habile les fasse fructifier : « C’est une idée qui, étant suivie comme elle mérite de l’être, ne peut manquer d’être fort utile aux astronomes pour réduire tous les mouvements célestes à une règle certaine ; ce qui,