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l’objet de la théorie physique

matière quelconque, ni de quelque chose que ce soit. »

Les premières contributions de Macquorn Rankine aux progrès de la théorie mécanique de la chaleur avaient été des essais d’explication ; mais bientôt ses idées évoluèrent et, dans un petit écrit[1] trop peu connu, il traça avec une admirable netteté les caractères qui distinguent la théorie représentative — nommée par lui théorie abstraite — de la théorie explicative — désignée sous le nom de théorie hypothétique.

Citons quelques passages de cet ouvrage :

« Il faut faire une distinction essentielle entre les deux périodes dont se compose la méthode par laquelle avance notre connaissance des lois physiques. La première consiste à observer les relations qui existent entre les phénomènes tels qu’ils se présentent au cours ordinaire de la nature, ou bien tels qu’ils se produisent artificiellement dans nos expériences, et à exprimer les relations ainsi observées en propositions que l’on nomme lois formelles. La seconde période consiste à réduire sous forme de science les lois formelles d’une classe entière de phénomènes ; c’est-à-dire à découvrir le système de principes le plus simple d’où toutes les lois formelles de cette classe de phénomènes puissent se déduire à titre de conséquences. »

« Un tel système de principes, accompagnés des conséquences qui s’en déduisent méthodiquement, constitue la théorie physique d’une classe de phénomènes. »

  1. J. Macquorn Rankine : Outlines of the Science of Energetics, lu à la Philosophical Society de Glasgow le 2 mai 1855 et publié dans les Proceedings de cette Société, vol. iii, n° 4, — Cf. : Rankine, Miscellaneous scientific Papers, p. 209.