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PHYSICIENS ET ASTRONOMES. — II. LES SÉMITES

mouvement des eaux de l’Orient vers l’Occident est une conséquence du mouvement supérieur ; au contraire, le reflux provient de la pesanteur de l’eau ; sa grande masse l’oblige à s’abaisser. Le mouvement de l’eau est moins rapide que celui de l’air ; c’est pourquoi l’on a pensé que le flux suivait le cours de la Lune, parce que le mouvement de la mer et celui de la Lune diffèrent peu l’un de l’autre ; toutefois, les eaux sont en retard sur la Lune ; en outre, elles ne reçoivent pas une vertu suffisante pour accomplir une révolution entière ; il survient donc une autre révolution destinée à compléter la première, en sorte que les eaux oscillent, continuellement,

» Quant à la terre, il est évident qu’elle est immobile en son ensemble, bien que certaines de ses parties puissent éprouver quelques changements et quelques mouvements. La vertu motrice a achevé son œuvre lorsqu’elle parvient à la terre, en sorte que celle-ci demeure fixe. »

Bien que la terre demeure immobile dans son ensemble, il s’y peut produire des changements et des déplacements partiels ; ces transformations paraissent liées au mouvement des étoiles fixes qui détermine la précession des équinoxes.

« L’orbe des étoiles fixes[1] n’est pas le plus simple de tous et son mouvement n’est pas simple. Cette proposition est prouvée par les apparences que révèle l’observation du mouvement des étoiles, car certaines étoiles apparaissent tout d’abord sur l’équateur et, plus tard, on les observe hors de ce cercle, affectées d’une latitude soit septentrionale, soit méridionale. La diversité des situations de cet orbe est encore prouvée par ce qu’on peut observer, en ce monde inférieur, au sujet des grands changements et des permutations de certaines choses particulières ; telles sont les permutations qui se produisent entre les terres habitables et les terres non habitables, entre les régions tempérées et les régions non tempérées ; il arrive, parfois, que l’air se purifie en certains lieux qui deviennent alors habitables, tandis qu’en d’autres lieux, l’air se corrompt, et ces lieux deviennent inhabitables ; de même, les eaux de la mer changent de place ; elles s’accumulent en certaines régions, tandis qu’en d’autres régions, on voit apparaître des contrées qui, jusqu’alors, avaient été couvertes par les eaux. Les choses de ce genre qui se montrent à nous, et d’autres analogues, nous témoignent que ces opérations sont produites par le changement de situation de l’orbe des étoiles ; assurément,

  1. Alpetragii Arabi Planetarum theorica, fol. 7, verso, et fol. 8, recto.