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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

Monde entier ; dans sa circulation, il entraîne nécessairement tous tes astres qu’il contient. Parmi ces astres, il en est dont le mouvement est le plus simple possible : iis tournent avec le Monde et gardent toujours les mêmes places dans le Ciel ; d’autres, au contraire, prennent part, avec le Ciel, au mouvement commun ; par adhérence, ils sont entraînés en sa circulation ; mais ils usent, en outre, d’un mouvement propre grâce auquel ils occupent, dans le Ciel, des places qui changent d’un instant à l’autre. Le mouvement de ces astres est plus lent que le mouvement du Monde, en sorte qu’ils paraissent animés d’un mouvement contraire au mouvement du Ciel et qu’ils semblent portes d’Occident en Orient. Les premiers se nomment les étoiles fixes et les seconds les astres errants, parce qu’à des époques différentes, on les voit en des parties différentes du Monde. »

Nous apprenons par Théon de Smyrne[1] que Dercyllide condamnait une théorie où nous reconnaissons la doctrine de Cléanthe : « Il croit que les levers successifs différents dépendent d’un mouvement en longitude et il rejette les raisons faibles et commodes, données par les Anciens, d’après lesquelles les planètes seraient laissées en arrière. Mettant de côté tout ce qu’il y a de désordonné et de contraire à la raison dans un tel mouvement, il est juste de croire, dit-il, que les planètes sont, emportées lentement par un mouvement contraire à celui des étoiles fixes, ce mouvement intérieur étant, en outre, entraîné par le mouvement extérieur.

» Il ne pense pas qu’il faille prendre, comme causes premières de ces mouvements, des spirales ni des lignes semblables à la course sinueuse d’un cheval. Car ce mouvement esl le résultat d’autres mouvements. La cause première du mouvement en spirale est le mouvement qui s’accomplit suivant le cercle oblique du Zodiaque. Le mouvement en spirale est, en effet, adventice et postérieur ; il résulte du double mouvement des planètes. On doit donc regarder comme premier le mouvement suivant le cercle oblique ; le mouvement en spirale en est une conséquence ; il n’est pas premier. »

Géminus, qui paraît avoir vécu au premier siècle de notre ère, condamne, à peu près comme Dercyllide, la théorie qui avait eu les préférences de Cléanthe et de Cléomède. Voici comment il s’exprime dans son Introduction aux phénomènes célestes[2] :

  1. Théon de Smyrne, Astronomie, c. XLI. Éd. Th. H. Martin, pp. 328-331 ; éd. J. Dupuis, pp. 324-325.
  2. Claude Ptolémée, Table chronologique des règnes, prolongée jusqu’à la