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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

L’histoire précise, et autorisée par des textes, de la précession des équinoxes, débute avec les travaux d’Hipparque ; encore les écrits où Hlipparque avait présenté les résultats de ses recherches sont-ils aujourd’hui perdus et n’en connaissons-nous que ce qu’en rapporte Claude Ptolémée.

Au dire de Ptolémée[1], Hipparque traitait de la précession des équinoxes en deux de ses ouvrages. L’un de ces ouvrages avait pour titre : Du transport des points solsticiaux et équinoxiaux, Περὶ τῆς μεταπτώσεως τῶν τροπιϰῶν. L’autre traitait : De la longueur de l’année, Περὶ τοῦ ἐνιαυσίου μεγέθους. Celui-ci semble, de sept années environ, antérieur à celui-là[2].

Hipparque admet que le plan de l’équateur demeure invariablement lié à la terre qui, elle-même, demeure immobile au centre du Monde. Par le centre du Monde, passe le plan de l’Écliptique ; ce plan tourne autour d’un axe normal au plan de l’équateur, l’axe du Monde ; sa rotation, parfaitement uniforme, et dirigée d’Orient en Occident, est complète en vingt-quatre heures sidérales ; c’est le mouvement diurne.

Cette rotation diurne entraîne, en même temps, un système de coordonnées invariablement lié à l’Écliptique. L’Écliptique sert d’origine aux latitudes boréales ou australes qui, les unes et les autres, sont comptées de à 90°. L’origine des longitudes est le demi-plan normal à l’Écliptique et passant par le point équinoxial de printemps ; les longitudes sont comptées de à 360°, d’Occident en Orient, dans le sens de la marche du Soleil ou, comme le disaient les Anciens, suivant l’ordre des signes.

Puisque ce système de coordonnées tourne uniformément autour de l’axe du Monde, d’Orient en Occident, en vingt-quatre heures sidérales, un point qu’anime uniquement le mouvement diurne gardera une longitude et une latitude également invariables pendant tout le cours du temps ; au contraire, s’il est animé d’un mouvement autre que le mouvement diurne, le temps amènera


    comparée des sciences mathématiques chez les Grecs et les Orientaux, Paris, 1845 — Th. Henri Martin. Mémoire sur cette question:La précession des équinoxes a-t-elle été connue des Égyptiens ou de quelque autre peuple avant Hipparque ? (Mémoires de l’Académie des inscriptions et Belles-lettres, t. VIII, première partie, 1869) — L. Am. Sédillot. Sur quelques points de l’histoire de l’Astronomie ancienne et, en particulier, sur la précession des équinoxes ; lettre au prince Boncompagni (Bulletino di Bibliografia e di Storia delle Scienze matematiche e fisiche, t. X, p. 306, 1872).

  1. Composition mathématique de Claude Ptolémée, traduite par M. l’abbé Halma ; livre VII, chapitre II ; tome second, p. 10 et p. 13, Paris, 1816. Ed. Heiberg, pars II, Ζ′, β′, p, 12 et p 15.
  2. Paul Tannery, Recherches sur l’Histoire de l’Astronomie ancienne, ch. VIII, 8 (Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, 4e série, t. I, pp. 148-149).