Page:Duhem - Le Système du Monde, tome II.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

retrouvée, en deux textes manuscrits ; M. Samuel Landauer l’a publiée en l’accompagnant d’une nouvelle version latine[1].

Dans cet écrit, Thémistius, après avoir parlé du mouvement diurne des étoiles fixes, mentionne[2] la découverte d’Hipparque et de Ptolémée, mais en homme qui ne s’y intéresse guère : « Toutefois, dit-il, quelques-uns de ceux qui ont ensuite fait profession de mathématiciens, tels qu’Hipparque et Ptolémée, ayant étudié avec soin les conjonctions des étoiles fixes [avec les points équinoxiaux], ont affirmé qu’elles se mouvaient de mouvement direct, parcourant un degré dans une durée de cent ans. Mais il convient que nous laissions ce discours… »

Parmi les écrivains latins, nous en trouvons un seul qui ait fait, au phénomène dont nous parlons, une brève et vague allusion ; cet écrivain est Macrobe, qui vivait en 422 à la cour de Théodose le Jeune. Dans son Commentaire au Songe de Scipion, Macrobe s’exprime en ces termes[3] :

« Il convient d’ajouter que toutes les étoiles autres que le Soleil, la Lune et les cinq planètes, sont fixées au Ciel, et n’ont d’autre mouvement que celui dont elles se meuvent avec le Ciel. D’autres astronomes, dont l’opinion est plus récente, ont assuré qu’outre le mouvement qui les entraîne par suite de la rotation du Ciel, elles se déplacent d’un mouvement propre ; mais comme le globe extrême est immense, une seule révolution de leur course consomme un nombre de siècles qui dépasse toute croyance ; l’homme n’a donc aucune perception de leur mouvement ; la vie humaine, en effet, est trop courte pour lui permettre de saisir même un faible trajet d’une si lente rotation. »

Ce passage est intéressant à divers égards, particulièrement à celui-ci : Le mouvement découvert par Hipparque est attribué, comme dans la Syntaxe de Ptolémée, à l’orbe qui porte les étoiles fixes, tandis que le mouvement diurne est attribué au Ciel ; nous trouvons ici une nouvelle allusion à ce neuvième orbe, privé de tout astre, introduit par les Hypothèses, qu’admettaient déjà certains savants contemporains d’Origène, et dont la considération reviendra fréquemment dans les écrits des astronomes.

  1. Themistii In libros Aristolelis de Caelo paraphrasis hebraice et latine. Edidit Samuel Landauer, Berolini, MCMII.
  2. Themistii Op. laud., lib. II ; éd. Alatino, fol. 31, verso ; version de S. Landauer, p. 115.
  3. Ambrosii Theodosii Macrobii Commentariorum in Somnium Scipionis liber primus, cap. XVII. — Th. H Martin met à tort Macrobe au nombre des écrivains qui ont gardé le silence au sujet de la précession des équinoxes (Th. H. Martin, Mémoire sur cette question : La précession des équinoxes a-t-elle été connue… avant Hipparque ? Ch. IV, § 3).