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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

Parmi les nombreux écrits de Masciallah, il en est un que le Moyen-Âge chrétien a bien connu ; c’est un petit traité de Cosmographie qui a pour titre : De elementis et orbibus cælestibus[1].

Dans ce traité, Masciallah admet que le ciel se compose de dix orbes superposés[2] ; ce sont, d’abord, les sept orbes des astres errants : puis un orbe privé d’astre que l’auteur nomme l’orbe des signes ; ensuite, l’orbe des étoiles fixes ; enfin, un nouveau ciel sans astre, le grand orbe.

Tous les vieux qui portent des astres se meuvent d’Occident en Orient par rapport au grand orbe ; le ciel des étoiles tixes décrit, en cent ans, un degré du grand orbe[3].

Le grand orbe se meut d’Orient en Occident ; son mouvement est le mouvement diurne ; c’est le neuvième ciel de Macrobe et de Simplicius.

Il est difficile de comprendre ce que Masciallah entend par l’orbe des signes. Ce ciel privé d’étoiles qui sépare l’orbe de Saturne de l’orbe des étoiles fixes, se meut, dit-il[4], d’Orient en Occident, comme le grand orbe ; lorsqu’on dit, ajoute-t-il, qu’une planète est en tel ou tel signe, c’est à l’orbe des signes que cette indication se rapporte, et non pas au neuvième orbe, au ciel des étoiles fixes ; enfin, il nous apprend que les « auteurs qui représentent les images des astres selon l’Astronomie Altasamec » ne voulaient supposer que neuf cieux et réduisaient l’orbe des signes à n’être qu’un grand cercle de l’orbe suprême ; il attribue à Ptolémée l’opinion contraire, qu’il fait sienne.

Dans cet exposé, il est possible de discerner certaines confusions, dont l’origine se trouve en quelques obscurités du langage de Ptolémée. Au VIIe chapitre du premier livre de l’Almageste, celui-ci établit qu’il y a, dans le ciel, deux premiers mouvements différents ; l’un est le mouvement diurne ; l’Astronome


    di Behnardino Baldi con note di M. Steinschneider. I. Autori arabi orientali. I. Messala (Bulletino di Bibliografia e di Storia delle Scienze matematiche e fisiche publicato da B. Boncompagni, t. V, 1872, pp. 429-431).

  1. De elementis et orbibus coelestibus liber antiquus ac eruditus Messahalæ laudatissimi inter Arabes astrologi. Cui adjectum est scriptum cujusdam Hebraei de Eris seu intervallis regnorum, et de diversis gentium annis ac mensibus. Item iisdem de rebus : scriptum cujusdam Saraceni, continens præterea præcepta ad usum tabularum astronomicarum utilissima. Quæ omnia ad veteris archetypi lectionem diligenter collata, celebri famæ Illustrissimi Principis ac Domini D. Augusti Ducis Saxoniæ etc., et publicorum studiorum utilitati, dicavit loachimus Hellerus apud inclytam Germaniæ Noribergam Mathematum Professor. Noribergæ excudebant loannes Montanus et Ulricus Neuberus. Anno Domini MDXLIX.
  2. Messahalæ De elementis et orbibus coelestibus liber, Capp. XVIII et XX.
  3. Messahalæ De elementis et orbibus coelestibus liber, Capp. XIX et XXIV.
  4. Messahalæ De elementis et orbibus coelestibus liber, Capp. XVIII et XX.