Page:Duhem - Le Système du Monde, tome II.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

« Après avoir exposé quelle est la forme des sphères des astres et la composition des orbes de ces mêmes astres, venons à la description des mouvements qu’on trouve en chacune de leurs sphères ; commençons par rapporter quel est le mouvement de la sphère des étoiles fixes, car ce même mouvement est inséparable des mouvements des divers astres errants.

» Disons donc que la sphère des étoiles fixes se meut d’Occident en Orient, et qu’elle entraîne avec elle les sept sphères des astres errants ; son mouvement se fait autour des pôles du Zodiaque, et il est d’un degré en cent ans, selon l’évaluation de Ptolémée. Par suite de ce mouvement, les apogées et les nœuds des excentriques des planètes tournent, en un siècle, selon l’ordre des signes, de cette même quantité, de telle sorte qu’ils accomplissent leur révolution et parcourent la totalité du Zodiaque en 36.000 ans. »

« … Le Soleil a deux mouvements d’Occident en Orient. L’un est son mouvement propre en son orbe excentrique… L’autre est le mouvement par lequel sa sphère tourne autour des pôles du Zodiaque ; ce mouvement est égal à celui de la sphère des étoiles fixes ; il est d’un degré en cent ans. »

Al Fergani, comme l’Almageste, suppose seulement l’existence de huit sphères célestes : « Au sujet de la figure des orbes et de leur ordre, dit-il[1], suivons les opinions en lesquelles les Anciens ont tous été d’accord. Disons que le nombre des sphères qui environnent tous les mouvements des planètes et des étoiles est huit. Parmi ces sphères, sept sont attribuées aux sept astres errants ; la huitième, qui est plus élevée et qui est l’orbe des signes, est attribuée aux étoiles fixes. »

Notre auteur n’imagine donc pas, comme nombre de Grecs l’avaient fait, un neuvième orbe sans astre, placé au-dessus de la sphère des étoiles fixes, et chargé de communiquer à toutes les sphères inférieures le mouvement diurne dont, il est lui-même animé. Il regarde simplement le mouvement diurne comme étant « celui qui meut le tout »[2], sans qu’aucune sphère particulière lui soit attribuée.


    nensis, que nous avons consultée dans le texte suivant : Incipit liber de aggregationibus stellarum et principiis celestium motuum quem Ametus filius Ameti qui dictus est Alfraganus compilavit, 30 continens capitula (Bibliothèque nationale, fonds latin ms. no 7.298) — Cap. XIII : De narrattilone motuum Solis, et Lune, et stellarum fixarum in orbibus suis in duabus partibus Orientis et Occidentis, qui nominantur motuns longitudinis.

  1. Al Fergani, Op. laud., cap. XII : De narratione formæ orbium stellarum et de compositione eorum, et de ordinibus longitudinum eorum a terra.
  2. Al Fergani, Op. laud., cap. V, De duobus primis motibus cæli, quorum unus est motus totius, alter vero stellarum, quem videntur habere in orbe signorum.