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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

du Soûrya-Siddhânta est nécessairement antérieure. Probablement Lat est le nom du disciple de Maya qui mit par écrit les idées de son maître. »

Que disait le Soûrya-Siddhânta touchant le mouvement de l’apogée solaire ? Massoudi va nous le répéter[1] :

« Brahman est le premier qui porta son attention sur le oudj du Soleil, et qui dit que le [oudj du Soleil] restait trois mille ans dans chaque signe du zodiaque, ce qui portail sa révolution à trente-six mille années. Le oudj, dans l’opinion des Brahmanes, est à présent, l’an 332 de l’Hégire (943 de J.-C.) dans le signe des Gémeaux. Quand il aura passé dans les signes situés au midi de l’équateur, la partie habitée de la terre se déplacera ; ce qui est habité sera couvert par les eaux, et ce qui est maintenant sous l’eau deviendra habitable. Le Nord deviendra le Midi, et le Midi, le Nord. »

À cette citation, Reinaud joint les renseignements suivants :

« Le oudj (اوج) dont parle Massoudi est le terme sanscrit outchtcha, signifiant hauteur ; il répond à ce que les Grecs nommaient apogée…

» Le mot oudj passa dans les traductions latines faites sur l’Arabe au Moyen Âge ; on écrivait aux au nominatif et augis au génitif. » Le mot aux était mis au féminin.

Avant l’an 500, donc, les auteurs du Soûrya-Siddhânta admettaient que l’apogée du Soleil, participant au mouvement des étoiles fixes, décrivait l’Écliptique, d’Occident en Orient, en 36.000 ans. Comment étaient-ils parvenus à cette conviction ? Ce ne peut être à cause des observations que rapporte Caussin. Peut-être usaient-ils d’observations plus anciennes. Mais il est plus probable qu’ils avaient simplement étendu à l’apogée du Soleil la loi que Ptolémée avait acceptée pour les apogées des cinq planètes.

Que l’enseignement du Soûrya-Siddhânta ait grandement contribué à communiquer cette conviction à Al Fergani, on l’admettra sans peine si l’on prouve que l’Astronome arabe a eu connaissance de ce livre indien. Or, cette dernière proposition est rendue probable par ce fait que les traités de Masciallah et d’Al Fergani paraissent être les premiers où l’apogée d’un astre soit désigné par le mot oudj (aux) dont Reinaud nous a appris l’origine sanscrite.

Il existe, d’ailleurs, d’autres preuves[2] des emprunts faits par Al

  1. Reinaud, loc. cit., pp. 324-325.
  2. Reinaud, loc. cit., p. 368.