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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

moyenne ; une oscillation d’aussi faible amplitude ne pouvait expliquer[1] l’énorme déplacement que les points équinoxiaux avaient subi depuis l’époque reculée où les Indiens avaient commencé de dresser des calendriers ; ce déplacement approchait de 25°. Le Soûrya-Siddhânta donna[2] à la sphère des étoiles fixes une oscillation de 27° de part et d’autre de la position moyenne, en sorte que l’amplitude totale de l’oscillation fût de 54°.

Pendant un kalpa de 4.320.000.000 d’années, le Soûrya-Siddhânta compte[3] 600.000 oscillations doubles. Il admet, d’ailleurs, comme l’avaient fait les astrologues grecs, qu’en ce mouvement oscillatoire de la sphère des étoiles fixes, la vitesse angulaire garde cependant une valeur absolue invariable. D’après ce que nous venons de dire, cette vitesse est de 34″ par an ou d’un degré et demi par siècle.

Au vie siècle, Varâha-Mihira semble avoir adopté le système de l’accès et du recès tel que le propose le Soûrya-Siddhânta ; ce même système, et sous cette même forme, a été accepté, à la fin du xie siècle, par Çatânanda[4].

D’autres astronomes, tout en admettant également l’hypothèse du mouvement alternatif des étoiles fixes, définissaient autrement que le Soûrya-Siddhânta les constantes de ce mouvement. Âryabhata, dans l’Âryâchtaçata, et l’auteur du Pârâçari-Sanhitâ font osciller[5] la huitième sphère de 24″ de part et d’autre de sa position moyenne, ce qui donne à l’oscillation totale une amplitude de 48° ; ils admettent l’un et l’autre que chacune des deux rotations de sens contraires se fait avec une vitesse angulaire constante ; mais ils diffèrent au sujet de la valeur de cette vitesse ; Âryabhata compte 578.159 oscillations doubles (de 96°) par kalpa de 4.354.560.000 années sidérales, ce qui donne une marche de 45″52''' par an ; selon le Pârâçari-Sanhitâ, durant un kalpa, qui est sans doute évalué, comme en la plupart des traités indiens, à 4.320.000.000 années, il se produit 581.709 oscillations doubles, ce qui correspond à un déplacement de 46″32''' par an.

Tandis qu’à partir du ive siècle de notre ère, une foule d’astronomes indiens adoptent l’hypothèse de l’accès et du recès, quelques-uns demeurent fidèles à l’hypothèse, introduite par Hippar-

  1. Th. H. Martin, loc. cit., pp. 181-182.
  2. Soûrya-Siddhânta. III, 9-12 ; notes de M. Whitney, pp. 100-105.
  3. Soûrya-Siddhânta, III, 9-12 ; Th. H. Martin, loc. cit. ; p. 185, particulièrement la note 1 du bas de la page.
  4. Th. H. Martin, loc. cit., p. 185.
  5. Th. H. Martin, loc. cit., p. 184.