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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

que, préconisée par Ptolémée, d’une précession invariablement dirigée d’Occident en Orient ; mais ceux-ci sont bien rares.

Parmi eux, on cite[1] Vichnou-Tchandra, qui est antérieur à Brahma-Goupta, et qui vivait probablement au vie siècle de notre ère. Après lui, nous ne trouvons guère que Moundjala qui vivait au xe siècle, et Bhâscara, qui vivait au xiie siècle.

Moundjala et Bhâscara comptent[2] 199. 669 révolutions complètes des points équinoxiaux par kalpa de 4. 320. 000. 000 années, ce qui donne une précession de 59° 54′ par an. Dans son traité Carana-Coutoühala, Bhâscara porte la rotation de la huitième sphère à 1′ par an.

Mais Moundjala et Bhâscara n’appartiennent plus à l’époque où la Science indienne, transplantation de l’Astronomie hellénique, exerçait son influence sur la Science arabe ; au temps de Bhâscara, l’Astronomie de l’Islam a déjà commencé de répandre ses enseignements chez les brahmanes.

Durant la période où la Science naissante de l’Islam puise largement aux sources indiennes, les astronomes indiens sont presque unanimes à prôner le système de l’accès et du recès emprunté aux astrologues alexandrins ; seulement, ils varient beaucoup dans les évaluations nouvelles qu’ils ont proposées pour les constantes de ce mouvement. Les Arabes devaient donc être tentés, comme l’est Habasch, de reprendre purement et simplement le système décrit par Théon d’Alexandrie.

Les influences indiennes allaient, dans les contrées soumises à l’Islam, rencontrer des adversaires. C’est sans doute à l’un de ses adversaires qu’il faut attribuer un écrit, d’origine assurément arabe, que le Moyen-Âge chrétien a pris pour une œuvre d’Aristote, et que les versions latines intitulent : De elementis ou : De proprietatibus elementorum[3].

L’auteur du De elementis nous dit[4] que « parmi les auteurs de traités, certains croient que la mer a changé de place à la surface de la sphère terrestre, en sorte qu’il n’est pas de lieu, sur la terre ferme, qui n’ait été autrefois au fond de la mer ». Comme le traité des Météores d’Aristote dont, visiblement, il s’inspire en maint

  1. Th. H. Martin, loc. cit., p, 180.
  2. Th. H. Martin, loc. cit., p. 185.
  3. Nous citons cet apocryphe d’après l’édition des Œuvres d’Aristote qui porte ce colophon : Impræssum (sic) est præsens opus Venetiis per Gregorium de Gregoriis expensis Benedicti Fontanæ Anno salutifere incarnationis Domini nostri MCCCCXCV] Die vero XIII Juin. En cette édition, le Liber de proprietatibus elementorum se trouve du fol. 464, verso, nu fol. 469, verso.
  4. Liber de proprietatibus elementorum, éd. cit., fol. 466 (marqué par erreur 366), vo.