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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

riablement liés aux constellations des étoiles fixes ; les deux points a et b, diamétralement opposés, sont la tête du Bélier mobile et la tête de la Balance mobile ; les deux points c et d sont la tête du Cancer mobile et la tête du Capricorne mobile.

La tête a du Bélier mobile décrit, dans le firmament, d’un mouvement uniforme, un cercle qui a pour centre le point équinoxial fixe α et dont le diamètre est de 8° 37′ 26″ ; la tête b de la Balance mobile décrit un cercle égal qui a pour centre le point β.

« Quant à la tête du Capricorne et à la tête du Cancer[1], elles demeurent toujours sur l’écliptique fixe ; sans la quitter, elles ont, sur ce cercle, un mouvement de va-et-vient » dont Thâbit analyse sommairement les principales particularités.

Dès maintenant, nous pouvons reconnaître que le mouvement de l’écliptique fixe par rapport à l’écliptique mobile est défini par Thâbit exactement comme l’est, selon Ptolémée, le mouvement du plan de l’épicycle de chacune des planètes supérieures par rapport au plan de l’excentrique de la même planète ; ou plutôt, le mouvement considéré par l’Astronome sabian est un cas particulièrement simple du mouvement proposé par l’Almageste ; la tête du Bélier et la tête de la Balance tournent d’un mouvement uniforme sur leurs trajectoires circulaires ; l’extrémité périgée et l’extrémité apogée du diamètre de l’épicycle se mouvaient, sur leurs petits cercles, suivant une loi plus compliquée, semblable à celle qui régit le mouvement du centre de l’épicycle sur l’excentrique ; le mouvement uniforme, plus simple que le mouvement en question, en est un cas particulier.

Ici donc, comme en mainte autre circonstance, la Science arabe se montre dénuée d’originalité ; la pensée hellène lui fournit le principe de la théorie dont elle développe les conséquences.

Ces conséquences, l’auteur du De motu octavæ sphaeræ les marque nettement et complètement.

L’équinoxe a lieu lorsque la position du Soleil sur la sphère coïncide avec l’un des points A, B où l’écliptique mobile coupe le cercle équatorial. Ces deux points A, B sont les points équinoxiaux mobiles.

Lorsqu’en ses oscillations, l’écliptique mobile vient coïncider avec l’écliptique fixe, les points équinoxiaux mobiles coïncident avec les points équinoxiaux fixes ; les points équinoxiaux mobiles coïncident avec les têtes du Bélier et de la Balance lorsque celles-ci passent aux intersections de leurs trajectoires circulaires avec

  1. Thâbit ben Kourrah, Op. laud., Cap. II : Sequitur designatio motus octavæ sphæræ in figura.