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LES DIMENSIONS DU MONDE

donne à penser qu’Eudoxe avait déduit l’évaluation de ce rapport de quelque spéculation sur l’harmonie des sphères.

Les textes que nous venons de rapporter sont les seuls qui fassent allusion aux recherches dont la grandeur du Soleil et de la Lune, dont les distances de ces astres à la Terre auraient été l’objet de la part d’Eudoxe, de Phidias ou de Philippe d’Oponte. C’est assez dire que nous ne saurions aucunement préciser la nature de ces recherches, que nous ne saurions affirmer ni nier qu’elles aient préparé l’œuvre d’Aristarque de Samos.

Outre l’écrit, aujourd’hui perdu, où il exposait le système héliocentrique, Aristarque avait composé un petit traité Sur les grandeurs et les distances du Soleil et de la Lune, Περὶ μεγεθῶν ϰαὶ ἀποστημάτων ἡλίου ϰαὶ σελήνης. Les Anciens avaient compris cet écrit dans la collection que, par opposition à la Grande composition de Ptolémée, on nommait le Petit astronome ; et, comme la Grande composition, le Petit astronome nous est intégralement parvenu.

Vers la fin du xve siècle, Georges Valla traduisit, avec l’inexactitude dont il était coutumier, le traité d’Aristarque de Samos. Cette traduction fut imprimée en 1499[1] .

Au seizième siècle, l’ouvrage d’Aristarque de Samos fut traduit en latin et soigneusement annoté par Commandin[2] ; pour ses annotations, Commandin s’était servi, en particulier, d’un passage des Collections mathématiques de Pappus[3], passage où cet auteur a comparé les hypothèses dont Aristarque est parti et les résultats auxquels il est parvenu, aux hypothèses et aux résultats d’Hipparque et de Ptolémée.

Le texte grec a été imprimé pour la première fois en 1688, à Oxford, par les soins de John Wallis[4]. En 1823, le comte Fortia

  1. Aristarchi samij de magnitudinibus et distantiis solis et lune. Georgio Valla placentino interprete. Colophon : Vinc. ap. Henr. de Sancto Vrso. 1499 (Græsse, Trésor de livres rares et précieux, t. I, 1859, p. 205) — Fabricius (Bibliotheca græca, IV, 19) cite une édition donnée en 1488 per Antonium de Strata et une autre donnée en 1498 per Simonem Papiensem dictum Bivilaquam. Nous avons vainement cherché ces éditions dans les recueils bibliographiques de Hain, Brunet, Graesse et Mlle Pellechet.
  2. Aristarchi De magnitudinibus, et distantiis Solis, et Lunæ, liber cum Pappih Alexandrini explicationibus quibusdam A Federico Commandino Urbinate in latinum conversus, ac commentariis illustratus. Pisauri. Apud Camillum Francischinum. MDLXXII.
  3. Pappi Alexandrini Mathematicæ collectiones a Federico Commandino Urbinate in Latinum conversæ et Commentariis illustratæ. Bononiæ, Ex Typographia H H. de Ducciis. MDCLX. Lib. VI, theorema XXXVIII propositio XXXVIII, p. 211.

    Pappi Alexandrini Collectionis quæ supersunt. Edidit Fridericus Hultsch. Volumen II. Berolini, MDCCCLXXVII. Liber VI, XXXVII, pp. 554-561.

  4. ΑΡΙΣΤΑΡΧΟΥ ΣΑΜΙΟΥ Περὶ μεγεθῶν ϰαὶ ἀποστημάτων Ἡλίου ϰαὶ Σελήνης