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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

D’ailleurs, « ce mouvement est commun aux orbes de tous les astres errants qui sont contenus dans l’orbe des signes ; l’orbe des étoiles fixes, qui est l’orbe des figures et des signes, ne possède pas seul ce mouvement ; ce mouvement d’accès et de recès est commun à tout ce qui se trouve sous l’orbe des signes ».

Ainsi, selon Thâbit, l’apogée du soleil, les auges ou apogées des excentriques planétaires suivent exactement le mouvement des étoiles fixes ; l’Astronome sabian ne paraît point soupçonner qu’il faille attribuer aux absides du Soleil un mouvement propre par rapport aux étoiles. Al Fergani et Al Battani avaient, avant lui, partagé cette opinion erronée. Ibn Iounis l’a également adoptée après lui. Dans un passage du huitième chapitre de la Table Hakémite. chapitre que Caussin avait laissé de côté, mais que Sédillot a traduit, et que Delambre a analysé[1], l’astronome d’Hakem « ne donne aux apogées et aux nœuds que le mouvement commun d’un degré en 70 ans, ou plus exactement de 51″ 14''' 43IV 59V en 365 jours ».

En analysant l’opuscule de Thâbit ben Kourrah, nous n’avons pas dit un mot, jusqu’ici, du temps que la tête du Bélier et la tête de la Balance emploient à décrire les petits cercles sur lesquels elles se meuvent. Il est assez remarquable, en effet, qu’il ne se trouve aucune mention de ce temps dans le corps même du De motu octavæ sphæræ. Cette indication est seulement contenue dans les tables d’accès et de recès qui terminent ce petit traité. Ces tables sont construites les unes au moyen de l’année arabe, les autres au moyen de l’année chrétienne. Ces dernières nous enseignent que la tête du Bélier et la tête de la Balance accomplissent chacune leur révolution en 4.171 ans et demi.

Les tables où se trouvent cette indication l’ont parfois défaut dans les manuscrits[2] ; on s’explique ainsi que certains des astronomes de la Chrétienté latine, qui ont exposé le système de la trépidation, soient demeurés muets sur la durée de ce mouvement. C’est ce que nous aurons occasion de constater lorsque nous analyserons, dans un prochain chapitre, les traités du calendrier de Robert Grosse-Teste et de Campanus de Novare.

Comment Thâbit a-t-il obtenu cette valeur de 4.171 ans et demi, qu’il attribue à la durée totale du mouvement de trépidation ? Il ne nous le dit pas. Il ne nous dit pas davantage comment il a été conduit à donner à l’écliptique fixe une inclinaison de 23° 30′, aux

  1. Delambre, Histoire de l’Astronomie du Moyen-Âge, p. 98.
  2. Par exemple, dans le ms, no 7333 du fonds latin de la Bibliothèque nationale.