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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

mouvement alternatif d’accès et de recès. Mais ce mouvement d’accès et de recès, reçu par Thâbit ben Kourrah dans son Traité de l’année solaire, était-il identique à celui que décrit le Livre du mouvement de la huitième sphère ? Rien, dans les propos d’Albyrouny, ne nous permet de l’affirmer.

Un autre passage d’Albyrouny nous montre que le mouvement d’accès et de recès était enseigné par certains astronomes, successeurs immédiats de Thâbit, et qui avaient dû subir son influence ; mais ce passage d’Albyrouny nous induirait à croire que ces astronomes n’admettaient pas le système de trépidation exposé par le Liber de motu octavæ sphœræ ; qu’ils admettaient un accès et un recès des points équinoxiaux, cet accès et ce recès ayant l’un et l’autre une amplitude de , comme au système des anciens astrologues cités par Théon d’Alexandrie.

En effet, après avoir rappelé en quel point les astronomes chaldéens faisaient commencer l’année tropique, Albyrouny ajoute[1] :

« Cette quantité de avait été choisie par eux parce qu’ils pensaient que cette différence provient du mouvement alternativement direct et rétrograde de la sphère, mouvement dont l’amplitude maximum est de … L’explication la meilleure et la plus commode de ce mouvement se trouve au Zig as-Safâ’ ih, dont l’auteur est Aboû Ga’far al Khâzin, et au livre, sur les mouvements du Soleil, qu’a composé Ibrâhîm ben Sinân. »

Or Aboâ Ga’ far al Khâzin est mort entre les années 961 et 971 après J.-C., et Ibrâhîm ben Sinân, mort à l’âge de 38 ans, en août 946, était le propre neveu de Thâbit ben Kourrah.

D’autres astronomes encore, plus exactement contemporains de Thâbit, ont écrit des traités sur le mouvement de trépidation. Au témoignage d’Ibn al Kifti[2], l’astronome Ibn al Adami avait composé un traité qui fut publié après sa mort, en 920, par un de ses disciples. « Dans ce traité, il déterminait le mouvement des astres selon la méthode du livre as-Sindhind ; il disait, au sujet du mouvement d’accès et de recès de la sphère céleste, certaines choses que personne n’avait exposées avant lui. Ce qu’on entendait conter à l’endroit de ce mouvement avant l’apparition du livre en question ne pouvait être ni compris ni réduit à une règle fixe ; mais lorsque ce livre eut été publié, on put comprendre la forme de ce mouvement vagabond ; ce fut la cause qui amena un grand

  1. Albyrouny, Op. laud., texte arabe, pp. 322, verso ; traduction anglaise, pp. 325-326.
  2. Al Battani, Opus astronomicum, t. I, p. 303 (Note de M. Nallino).