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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

scrits, nous apprend qu’il était andalou ou qu’il vécut en Andalousie. Aboul Hhassan nous apprend[1] qu’il observait à Tolède en 1061 ; il nous cite une autre observation faite par lui en 1080 ; l’époque de son activité scientifique nous est donc connue avec une assez grande précision.

Quelles furent exactement les doctrines d’Al Zarkali sur le mouvement des étoiles fixes ? Nous les trouverions, sans doute, dans l’ouvrage intitulé : Traité sur le mouvement des étoiles fixes, qu’il avait composé, et dont la Bibliothèque Nationale de Paris conserve[2] une traduction en hébreu ; cette traduction fut faite, durant la première moitié du xive siècle, par un juif de Marseille, nommé Samuel ben Jéhuda, et surnommé Rabbi Miles.

La lecture de ce traité nous étant inaccessible, nous sommes réduits à demander aux Tables de Tolède ce qu’Al Zarkali enseignait touchant le mouvement lent de la sphère étoilée.

Rien ne prouve que les Tables de Tolède soient d’Al Zarkali[3] ; nul manuscrit de ces tables ne le désigne comme en étant l’auteur ; il est seulement nommé dans les Canons qui précèdent ces tables, et que tout concourt à faire regarder comme son œuvre. Sur les principes posés par Al Zarkali et que développent ces Canons, les Tables de Tolède auraient été dressées par un groupe de savants arabes et juifs, encouragés par le kadi Sâïd ben Sâïd.

Au sujet de la confection de ces tables, nous avons rencontré un renseignement qu’il nous faut reproduire ici, bien que nous n’en connaissions pas l’origine et que nous ne puissions, par conséquent, en contrôler l’exactitude.

Le ms. no 7281 (fonds latin) de la Bibliothèque Nationale est un recueil d’écrits astronomiques qui furent réunis au xve siècle ; le copiste, qui était sûrement un astronome curieux du passé de sa propre science, a enrichi plusieurs des pièces qu’il transcrivait en y joignant des remarques intéressantes. C’est ainsi qu’à l’un des écrits contenus en ce recueil, aux Canones tabularum astronomiæ Azarchelis, est jointe la note suivante[4] :

« Ces tables ont été composées par Abensahet (Sâïd ben Sâïd) juge (kadi) du roi Mamoun (Al Mamoun Yahyé) à Tolède. Arzachel, et d’autres avec lui, étaient disciples de ce juge ; mais Arza-

  1. Supplément au Traité des instruments astronomiques des Arabes, par L. Am. Sédillot, Paris, 1844 ; p. 30.
  2. Bibliothèque nationale, fonds hébreu, ms. no 1036 — Cf : Steinschneider, Études sur Zarkali (Bulletino… da B. Boncompagni, t. XX, 1887, p. 3).
  3. Cf. Delambre, Histoire de l’Astronomie du Moyen-Âge, p. 176 —Steinschneider, Études sur Zarkali (Bulletino… da B. Boncompagni, t. XX, 1887, p. 1).
  4. Bibliothèque nationale, fonds latin, ms. no 7281, fol. ro.