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LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES

vérité ; il pense, en effet, que cette vitesse atteint 11″,04 par an ; l’Astronomie actuelle la réduit à 11″,8 dans le même temps. Cette découverte suffirait à illustrer le nom de l’astronome qui l’a faite.

C’est par la comparaison de ses propres observations avec celles d’Al Battani qu’Al Zarkali fut amené à découvrir ce mouvement de l’apogée solaire ; mais, bien qu’il eût trouvé l’apogée du Soleil plus avancé vers l’Orient qu’au temps d’Al Battani, Al Zarkali reconnut à l’excentricité la valeur même que son prédécesseur lui avait attribuée. « Force lui fut donc, écrit Georges de Peurbach[1], de dire que le centre de l’excentrique du Soleil se meut sur un certain petit cercle, comme il arrive pour Mercure. »

Entre le cas de Mercure et celui du Soleil, ainsi rapprochés par Peurbach, il y a cependant une différence essentielle à signaler. Ptolémée a fait décrire, au centre du déférent excentrique de Mercure, un cercle qui a pour centre le centre de l’équant, et non pas le centre du Monde. Au contraire, le cercle sur lequel Al Zarkali fait mouvoir le centre du déférent excentrique du Soleil a nécessairement pour centre le centre du Monde, puisque l’excentricité du Soleil est, par cet astronome, réputée invariable[2].


X
LES Tables Alphonsines

Qu’il soit dû à Thâbit ben Kourrah ou qu’il ait Al Zarkali pour auteur, le système que propose, pour rendre compte du mouvement des étoiles fixes, le Liber de motu octavæ sphæræ va jouir, auprès des astronomes du Moyen Âge, de la plus grande vogue,

  1. Joannis de Monte Regio et Georgii Purbachii Epitome, in Cl. Ptolemœi mgnam composition, Basileæ, apud Henricum Petrum In fine : Per Henrichum Petrum Mense Augusto Anno MDXLIII, Lib. III, prop. XIII, pp. 56-57.
  2. On voit qu’on aurait une idée erronée de l’opinion d’Al Zarkali si on la jugeait d’après ce qu’en dit L. Am. Sédillot (L. Am. Sédillot, Supplément au Traité des Instrumenta astronomiques des Arabes, Paris, 1844). Parlant d’un astrolabe ou shafiah d’Al Zarkali, cet auteur écrit (p. 36) : « On voit par cet instrument qu’Arzachel faisait tourner le centre de l’excentrique dans un petit cercle pour expliquer la différence qu’il trouvait entre l’excentricité du Soleil et celle qu’indique Albatégni… » Il dit encore (p. 191) : « Nous rappelons seulement que l’astronome de Tolède, pour expliquer la différence d’excentricité qu’il avait remarquée entre ses propres observations du Soleil et celles d’Albatégni, faisait tourner le centre de l’excentrique dans un petit cercle »