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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE


IV
LES PRINCIPES DE L’ASTROLOGIE APRÈS POSIDONIUS. CLAUDE PTOLÉMÉE

Après l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, nous ne trouvons plus aucune œuvre, produite par le Paganisme gréco-latin, qui apporte quelque perfectionnement à la théorie des marées. Si Strabon nous a conservé quelques précieuses observations d’Ératosthène, de Séleucus, de Posidonius, il n’y a rien ajouté de son propre crû. Les nombreux textes, relevés par M. R. Almagià, où il est fait mention du flux et du reflux de la mer n’ont point enrichi la science de ce phénomène[1]. Ceux qui en ont le mieux parlé sont certains Pères de l’Église ; au prochain chapitre, nous lirons ce qu’ils en ont dit.

Entre la théorie des marées et l’Astrologie, l’œuvre de Posidonius avait établi le lien le plus étroit. C’est pourquoi nous croyons utile de dire quelques mots des rapports qui s’étaient établis, entre l’Astrologie et la Science païenne, durant les premiers siècles de notre ère. C’est une question que nous nous contenterons d’effleurer ; il faudrait, pour la traiter à fond, allonger notre œuvre outre mesure. Nous nous bornerons à mettre en lumière quelques idées qui nous semblent d’importance toute particulière.

On attribue à Ptolémée, et très probablement à juste titre, un ouvrage intitulé : Composition en quatre livres, Τετράϐιϐλιος σύνταξις. Pour la connaissance de l’Astrologie hellénique, la Composition en quatre livres est aussi importante que l’est la Grande composition pour la connaissance de l’Astronomie ancienne ; elle nous présente le code complet des jugements tirés de l’aspect du Ciel ; les astrologues arabes ne cesseront de l’étudier et de la

  1. Parmi ces textes, l’un des mieux renseignés se trouve aux Theologumena aritmeticae (a), ouvrage qu’on a attribué à Porphyre, mais dont l’auteur et le temps sont, en réalité, inconnus. « L’auteur de cet ouvrage, dit M. R. Almagià (b), met clairement en lumière l’accord entre l’allure de la marée et les phases lunaires ; il affirme que les marées ont un maximum à la nouvelle lune ; qu’elles décroissent, durant la première semaine de la lunaison, jusqu’au premier quartier ; qu’elles passent, en sens inverse, par les mêmes amplitudes, jusqu’à la pleine lune ; qu’elles font, enfin, de même pendant la seconde moitié du mois ».

    (a) Porphyrii Theologumena Aritmeticae… Edidit Fridericus Astius, Lipsiae, 1817 ; § 46.

    (b) Roberto Almagià, Op. laud., loc. cit., p. 416.