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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

» Puis donc que nous sommes reliés aux étoiles par une sorte de parenté, nous ne devons pas, par des discussions sacrilèges, les priver des pouvoirs qui leur sont propres ; c’est par leur cours de chaque jour que nous sommes, à la fois, créés et informés. »

C’est donc de l’Âme universelle que les âmes des astres tirent leur substance et le pouvoir de mouvoir les orbes où elles résident ; cette animation reçue de l’Âme du Monde, les étoiles la transmettent, à leur tour, aux choses d’ici-bas qui, par là, sont sous la dépendance des puissances sidérales.

Proclus décrit une hiérarchie et, si l’on peut dire, une cascade d’âmes analogue à celle qu’admet Julius Firmicus.

Au sommet des substances divines, Proclus place[1] l’Un (τὸ Ἕν) qui est la Cause première dont toutes choses participent, et qui ne participe à aucune autre chose ; l’Un est, en même temps, le Bien suprême[2].

L’Être (τὸ Εἶναι) est, tantôt, regardé comme une émanation de l’Un ou du Bien, et, tantôt, se trouve confondu avec lui.

De l’Être procède tout ce qui existe[3]. Ce qui en émane[4] directement, c’est la toute première Intelligence (ὁ πρώτιστος Νοῦς), qui est unique et d’où est issue la toute première Âme (ἡ πρωτίστη Ψυχή), qui est également unique ; de la première Âme, enfin, est issue la Nature universelle (ἡ ὅλη Φύσις).

Mais de la première Intelligence, qui est unique, procèdent une multitude d’intelligences[5] ; de même, l’unité de la première Âme produit une multitude d’âmes, l’unité de la Nature universelle, une multitude de natures particulières.

Au fur et à mesure que des êtres s’éloignent de l’unité de leur principe, ils s’affaiblissent et se dégradent ; entre les intelligences, par exemple, la distance croissante à la première Intelligence dont elles dérivent établit une hiérarchie descendante ; aussi sera-t-il possible, parmi ces intelligences, de distinguer deux catégories[6] ; toute intelligence de la catégorie la plus élevée est une intelligence divine (νοῦς θεῖος) ; toute intelligence de la catégorie la moins élevée est seulement une intelligence intellectuelle (νοῦς νοερός).

  1. Procli Successoris Platonici Institutio theologica, XXI, XXII, XXIII : éd. Francofurti ad Mœnum. 1822. pp. 37-45 ; éd. Parisiis, 1855, pp LIX-LX. Pour la description de ces éditions, voir t. I, p. 248, note 3, et p. 267, note 2.
  2. Procli Op. laud., XXV ; éd. 1822, pp. 46-47 ; éd. 1855, p. LXI.
  3. Procli Op. laud., XVIII ; éd. 1822, pp. 30-33 ; éd. 1855, p. LVII.
  4. Procli Op. laud., XXII ; éd. 1822, pp. 42-43 ; éd. 1855, p. LX.
  5. Procli Op. laud., XXV ; éd. 1822, pp. 40-41 ; éd. 1855, p. LIX.
  6. Procli Op. laud., CLXXXI ; éd. 1822, pp. 272-273 ; éd. 1855, p. CVIII.