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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

La Lune nourrit les huîtres, emplit les oursins, donne des chairs aux coquillages et aux bestiaux. »

Ptolémée nous enseigne[1] que « la Lune produit beaucoup d’humidité, parce qu’elle est très voisine de la terre d’où sortent les exhalaisons humides ; aussi engendre-t-elle la mollesse et la putréfaction des corps qui lui sont soumis. Toutefois, comme le Soleil l’éclaire, il lui communique le pouvoir d’échauffer ».

Ptolémée, d’ailleurs, en énumérant les effets de la Lune, a eu soin de dire[2] : « Selon qu’elle se lève ou se couche, les mers sont entraînées par des courants de sens contraire ». Puis, tout aussitôt, il a ajouté : « Soit en tout leurs corps, soit en quelqu’une de ses parties, les végétaux et les animaux ressentent l’effet de la croissance ou du déclin de la Lune ».

La Lune exerce donc une puissante action sur les corps vivants ; elle influe, par conséquent, sur leur état de santé ou de maladie. Les autres astres errants font de même ; chacun d’eux, en effet, a sa complexion, ses qualités ; il meut, ici-bas, les êtres qui ont une complexion analogue, il exerce des effets conformes à ces qualités.

Saturne est de nature froide. « Lors donc qu’il domine sans partage[3], il détruit, en général, par le froid. En particulier, lorsque cette influence destructrice tombe sur les hommes, elle engendre les maladies de longue durée, la phtisie, la langueur, les humeurs froides, les fluxions, la fièvre quarte. »

Mars, au contraire, est de nature ardente. « Lorsqu’il s’adjuge à lui seul la domination, il détruit, en général, par ardeur… C’est de lui que dépendent les fièvres chaudes, les fièvres tierces, les hémorragies, les maladies aiguës. »

L’Astrologie, dès lors, devient l’indispensable auxiliaire de la Médecine. Ptolémée peut donc, à juste titre, féliciter[4] « les Égyptiens d’avoir compris cette vérité, et d’avoir toujours joint les préceptes de la Médecine aux prévisions de l’Astrologie ».

  1. Claudii Ptolemæi Opus quadripartitum, lib. I, cap. III ; éd. cit., p. 383.
  2. Ptolémée, Op. laud., lib. I, cap. I ; éd. cit., p. 379, col. a.
  3. Ptolémée, Op. laud., lib. II, cap. VIII ; éd. cit., p. 379, col. a.
  4. Ptolémée, Op. laud., lib. I, cap. I ; éd. cit., p. 379, col. a.