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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE


XIII
LES PRINCIPES DE L’ASTROLOGIE APRÈS POSIDONIUS (fin)
L’ASTROLOGIE ET LA MÉDECINE

Or, vers le temps de Ptolémée, cette liaison de la Médecine avec l’Astrologie allait devenir plus étroite et plus minutieuse, grâce à la théorie, inaugurée par Galien, des jours critiques des maladies.

Claude Galien, né à Pergame en 131 de J.-C., après avoir longtemps enseigné la Médecine à Rome, mourut à l’âge de soixante-dix ans, probablement dans sa ville natale. Parmi les nombreux écrits qu’il a consacrés à son art, l’un des plus remarqués, celui, peut-être, par lequel il a exercé la plus longue et la plus puissante influence, est celui qu’il a intitulé : Sur les jours critiques, Περὶ ϰρισίμων ἡμερῶν.

Avant d’exposer sa théorie des jours critiques, Galien rappelle sommairement son système général de Physique, auquel il rattache cette doctrine.

« Celui, dit-il[1], qui a lu les livres que nous avons composés Sur les puissances naturelles, Περὶ τῶν φυσιϰῶν δυνάμεων, et aussi tous les autres ouvrages que nous avons écrits sur telles ou telles actions naturelles en particulier, sait, je pense, jusqu’à quel point les mouvements naturels accèdent à la providence, et, en même temps, à l’ordre (εἰς ὅσον ἥϰουσι προνοίας τε ἅμα ϰαὶ τάξεως αἱ τῆς φύσεως ϰίνησεις). Cela admis, et après avoir admiré l’art (τέχνη) et l’ordre de la nature, il n’oubliera pas, non plus, à quel point cette nature demeure, pour la providence et pour l’ordre, loin des corps du Ciel ; aussi attribuera-t-il, je crois, aux mouvements de l’essence qui réside ici-bas, un certain désordre inné, Toute la beauté, s’il se trouve quelque beauté dans les choses d’ici-bas, tout ce qui est ordonné, tout ce qui est fait avec art, il déclarera que cela provient d’en haut ; au contraire, tout ce qui est désordonné et confus, il le regardera comme produit par la matière (ὕλη) d’ici-bas. »

Galien met donc le monde inférieur dans la dépendance de deux principes ; un principe d’ordre, qui est la Providence (Πρόνοια),

  1. Claudii Galeni De diebus criticis lib. II, cap. II (Claudii Galeni Opera omnia. Editionem curavit D. Carolus Gottlob Kühn. T. IX, Lipsiæ, 1825, pp. 844-840).