Page:Duhem - Le Système du Monde, tome II.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
385
LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

« Par nature, les eaux tendent toujours en bas et au lieu le plus profond. Pourquoi donc, dans le flux, ne voyons-nous pas les eaux se porter en bas, mais, par un mouvement contraire, se porter en haut et atteindre des niveaux élevés ? Puisque la cause n’en est pas dans la nature de l’eau, il est nécessaire qu’il y ait, à cet effet, quelque cause extrinsèque. Or, excepté la Lune, on n’en trouve aucune. »


« Chapitre VIII[1]. Puisque la Lune exerce une si grande puissance sur la nature de la mer, il semble juste de distinguer, parmi les diverses mers, celles qui suivent la puissance lunaire de celles qui ne la suivent pas.

» Les philosophes tiennent pour certain qu’il n’est aucune mer sur laquelle la Lune soit entièrement dépourvue d’efficace ; mais la force ou l’efficace de cet astre est tantôt plus manifeste et tantôt moins ; cela ne provient pas de quelque empêchement qui résiderait en la Lune même, mais de ce que la disposition de la mer [à recevoir l’influence lunaire] est moins favorable.

» La disposition des mers peut se présenter sous trois formes. Il y a des mers qui n’ont ni flux ni reflux. Il y en a dans lesquelles ces mouvements se produisent, mais ne sont pas apparents. Il y en a, enfin, où ils se produisent et sont apparents. »

Ce qu’Abou Masar dit des marées dans les diverses mers, nous le laisserons de côté. Une connaissance, souvent assez exacte, des faits y est accompagnée d’explications purement fantaisistes. On accordera volontiers qu’il n’en pouvait être autrement.

Après avoir achevé cette longue étude du flux et du reflux, notre astrologue consacre un chapitre au gouvernement exercé par la Lune sur les animaux et les plantes[2]. Il passe rapidement en revue les effets de la vertu lunaire sur le corps humain, sur les animaux, sur les végétaux, sur les minéraux.

Les effets éprouvés sur le corps humain se marquent surtout dans la marche des maladies ; une courte allusion aux jours critiques justifie cette assertion.

Les diverses phases de la Lune agissent sur les pluies et les vents suivant des règles dont les marins font un constant usage.

Toute partie qui, dans le corps d’un animal, est froide et humide, suit, dans ses accroissements et ses diminutions, le

  1. Albumasaris Introductorium, lib. III, cap. VIII ; éd. cit., fol. sign. c 4, ro et vo.
  2. Albumasaris Introductorium, lib. III, cap. IX ; éd. cit., fol. sign. c 4, vo, et fol. suivant, ro.