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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

croît et le décroît de la Lune ; ainsi font le lait, le cerveau, la moelle.

Les poissons, les fruits, le bois, les métaux eux-mêmes, présentent divers effets qui sont en rapport avec la marche de la lunaison.

« Ainsi, dans les choses de ce monde, le gouvernement de la Lune joue des rôles multiples ; non seulement il n’est pas possible de les tous examiner, mais on tenterait en vain de les énumérer. »


XV
LA THÉORIE DES MARÉES SELON LES ARABES (suite) LE Liber de elementis. AVERROÈS. MOÏSE MAÏMONIDE

Aucun texte grec ou latin n’apportait aux Chrétiens d’Occident une étude sur les marées dont l’ampleur, dont le détail, fussent comparables à l’exposé d’Abou Masar ; la Science musulmane non plus ne leur donnera, sur ce sujet, aucun enseignement qui puisse être mis en balance avec celui-là ; les divers autres écrits qui passeront de l’Islam à la Chrétienté se borneront à rappeler que, chaque jour, les flux et les reflux suivent le cours de la Lune.

Les Chrétiens d’Occident liront avec grand respect le Livre des propriétés des éléments, qui leur est donné par les Arabes comme œuvre d’Aristote. L’auteur de ce livre, nous le savons[1], argumente vivement contre les physiciens qui croient à une lente permutation des terres fermes et des continents. Son argumentation repose en entier sur ce postulat, qu’il prend pour concédé par ses contradicteurs : Si une telle permutation se produisait, elle serait dans la dépendance de quelqu’une des révolutions célestes. Eux et lui, en effet, s’accordent dans leur foi au principe fondamental de l’Astrologie et en invoquent les mêmes preuves.

« Eux aussi, ils admettent, dit le Liber de elementis en parlant de ses adversaires[2], que toutes les choses qui se font sur la terre y sont produites par le mouvement des corps supérieurs et de l’élé-

  1. Voir : Ch. XII, § VI ; t. II, pp. 226-228.
  2. Aristotelis Liber de proprietatibus elementorum (Aristotelis opera. Colophon : Impræssum (sic) est præsens opus Venetiis per Gregorium de Gregoriis expensis Benedicti Fontanæ Anno salutifere incarnationis domini nostri MCCCCXCVI. Die vero XIII Julii. Fol. 366 (marqué 466), vo et fol. 367 (marqué 467) ro.