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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

même[1] : « Il n’y a pas la moindre plante sur la terre qui n’ait au firmament son mazzâl (c’est-à-dire son étoile), qui la frappe et lui ordonne de croître, ainsi qu’il est dit (Job, XXVIII, 33) : Connais-tu les lois du Ciel, ou sais-tu indiquer sa domination sur la terre ? »… Ils ont donc clairement indiqué par ce passage que même les individus du monde de la génération sont sous l’influence particulière des forces de certains astres ; car, bien que tout l’ensemble des forces de la sphère céleste se répande dans tous les êtres, cependant, aussi, la force de tel astre est particulière à telle espèce. Il en est comme des forces d’un seul corps ; car l’Univers tout entier est un seul individu, comme nous l’avons dit.

» Ainsi les philosophes ont dit que la Lune a une force angine utative qui s’exerce particulièrement sur l’élément de l’eau ; ce qui le prouve, c’est que les mers et les fleuves croissent à mesure que la Lune augmente, et décroissent à mesure qu’elle diminue ; que le flux, dans les mers, est en rapport avec la montée de la Lune, et le reflux avec sa descente…, comme cela est clair et évident pour celui qui l’a observé.

» Que, d’autre part, les rayons du Soleil mettent en mouvement l’élément du feu, c’est ce qui est très évident, comme tu le vois par la chaleur qui se répand dans le monde en présence du Soleil et par le froid qui prend le dessus aussitôt que le Soleil s’éloigne d’un endroit ou se dérobe à lui. C’est trop évident pour qu’on l’expose longuement.

» Sachant cela, il m’est venu à l’idée que, bien que de l’ensemble de ces quatre sphères figurées, il émane des forces [qui se répandent] dans tous les êtres qui naissent et dont elles sont les causes, chaque sphère, cependant, peut avoir [sous sa dépendance] l’un des quatre éléments ; de manière que telle sphère soit le principe de force de tel élément particulier, auquel, par son propre mouvement, elle donne le mouvement de la naissance.

» Ainsi donc la sphère de la Lune serait ce qui meut l’eau ; la sphère du Soleil, ce qui meut le feu ; la sphère des autres planètes, ce qui meut l’air et leurs mouvements multiples, leurs inégalités, leurs marches directes ou rétrogrades, leurs stations produisent les nombreuses configurations de l’air, sa variation et sa prompte contraction ou dilatation) ; enfin la sphère des étoiles fixes, ce qui meut la terre ; et c’est peut-être à cause de cela, je veux dire parce que les étoiles fixes ont le mouvement lent, que

  1. Voir : Beréshîth rabbi, sect. 10 (fol. 8, col. 6).