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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

la terre se meut difficilement pour recevoir l’impression et le mélange…

» De cette manière, donc, il se peut que l’ordre [dans l’Univers] soit celui-ci : Quatre sphères, quatre éléments mus par elles, quatre forces émanées d’elles [et agissant] dans la nature en général. »

Au système que Maïmonide vient d’exposer aboutissent, pour ainsi dire, toutes les idées dont le présent chapitre nous a retracé le développement.

Nous y trouvons, tout d’abord, l’affirmation du principe qu’Aristote avait déjà formulé avec tant de netteté : Les diverses parties de l’Univers sont liées entre elles par un déterminisme rigoureux ; ce déterminisme soumet entièrement le monde de la génération et de la corruption au gouvernement des circulations célestes.

Nous y trouvons le corollaire qu’entraîne ce principe, la définition d’une Science astrologique qui rattache chaque changement accompli ici-bas au mouvement d’un astre déterminé.

Nous y voyons le rôle prépondérant que cette Astrologie attribue à la Lune ; dominatrice de l’eau et des choses humides, la Lune les contraint de croître et de décroître avec elle. Les lois des marées prouvent avec évidence la réalité de cette action lunaire et, par là, de toutes les influences émanées des corps célestes.

Nous entendons dire, enfin, que les changements très lents de la terre sont liés au mouvement presque imperceptible des étoiles fixes, dont la révolution doit mesurer la Grande Année.

À construire ce système, tous les disciples de la Philosophie hellène, Péripatéticiens, Stoïciens, Néo-platoniciens, ont, tour à tour, contribué : à ce système, Abou Masar a offert l’hommage des Arabes ; ce système, de Philon d’Alexandrie à Maïmonide, les plus illustres rabbins l’ont adopté.

Pour le condamner comme une superstition monstrueuse et pour le jeter bas, il fallait le Christianisme.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE