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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/109

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


ments, parce qu’elles sont parties de syllabes, mais qu’il n’est rien qui soit partie de lettre ».

L’idée d’atome n’avait jamais été entièrement oubliée des philosophes chrétiens.

Isidore de Séville, dans ses Étymologies, définissait [1] l’atome « ce qui ne peut plus admettre de tomen, c’est-à-dire de coupure ». Il distinguait quatre sortes d’atomes, les atomes des corps, ceux du temps, ceux des nombres, ceux de l’écriture.

« Soit un corps tel qu’une pierre ; divisez-le en morceaux, les morceaux en grains, comme ceux du sable ; les grains de sable, divisez-les en une fine poussière jusqu’à ce que vous parveniez, si possible, à des parcelles tellement petites que vous ne les puissiez plus couper ni diviser ; voilà ce qu’est l’atome dans les corps.

» Dans le temps, voici comment vous devez comprendre l’atome : Prenez, par exemple, l’année ; divisez-la en mois, les mois en semaines, les semaines en jours, les jours en heures ; les parties de l’heure souffriront encore d’être divisées jusqu’à ce que vous parveniez à un instant si petit (tantum temporis punctum) qu’il soit comme une parcelle de moment, et qu’aucune durée ne puisse le produire ; il ne sera plus possible de le diviser ; voilà l’atome de temps.

» Prenez un nombre, huit par exemple ; en le partageant, vous obtenez quatre ; quatre, partagé, donne deux ; deux, partagé, donne un. Mais l’unité est l’atome, car elle est insécable.

» Il en est de même de l’écriture. Le discours se divise en mots, les mots en syllabes, les syllabes en lettres. Mais la lettre est la plus petite partie du discours ; elle est l’atome et ne peut être divisée.

» L’atome est donc ce qui ne peut être divisé, comme le point en Géométrie. En Grec, en effet, tomus signifie division, atomus, indivision. »

Ces considérations, Saint Isidore de Séville ne les a pas reprises en son De natura rerum.

Bède le Vénérable ne parle pas davantage de l’atome en son De natura rerum ; mais en son écrit De temporum ratione, il s’exprime [2], au sujet de l’atome du temps et de l’atome du discours, à peu près dans les mêmes termes qu’Isidore.

1. B. Isidori’Hispalensis episcopi Etymologiarwm, liber XDÏ, cap. Il : De atomis.

2. Bedæ Vênerabjlis De temporum ratione liber, cap. IH : De minutissimis temporum spatiis [Bedæ Venerabilis Operam, accurante Migne, tomus I (Patrologiœ latinœ t. XC) coll. 3o4-3o7].

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