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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/108

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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


tronome, comme le philosophe, saisit les réalités et formule les lois nécessaires qui les régissent ; le physicien n’énonce que des probabilités et l’astrologue ne discourt que des apparences.

IX

LA PHYSIQUE ET L’ASTRONOMIE DE GUILLAUME DE CONCHES

Le physicien ne discourt point du nécessaire, mais du probable ; c’est donc seulement une théorie probable qu’il pourra donner au sujet des éléments. « Voyons toutefois, ajoute Guillaume de Conches1, si, parmi les modernes, il en est qui aient émis sur cette question un avis plus probable ». Et tout aussitôt, il expose la doctrine que Constantin l’Africain a développée en son Παντέχνη.

La définition de l’élément donnée par Constantin est la suivante : « Un élément, c’est une partie d’un corps, partie qui est simple et la plus petite possible ; simple quant à la qualité, la plus petite possible quant à la quantité. »

En disant que l’élément est une partie simple quant à la qualité, l’auteur veut dire « qu’elle n’est pas affectée de qualités contraires », et non pas qu’elle possède une seule qualité ; ainsi un élément terrestre est simple en qualité, bien qu’il soit à la fois sec et froid, parce que ces deux qualités ne sont pas contraires l’une à l’autre ; il n’y aurait plus simplicité en qualité là où se rencontreraient, en même temps, le froid et le chaud.

Les quatre qualités : chaud, froid, sec, humide, peuvent se grouper deux à deux de six manières différentes ; mais de ces groupements, il en est deux qui ne pourraient correspondre à des éléments parce que les qualités qu’ils associent sont contraires l’une à l’autre ; il ne peut donc y avoir que quatre éléments.

L’élément ne doit pas seulement être une partie simple en qualité ; ce doit aussi être une partie dont la grandeur soit aussi petite que possible ; par là, il entend que « rien n’est partie de cette partie. D’une manière semblable, les lettres sont dites élé-

1. Hirsaugiensis, pp. 12-16. — Honorics, lib. ï, cap. XXI : De elementis ; coll. Zj8-53. — Peoa, lib. 1, coll. ii32-ii36. Dans ce dernier texte, le nom de (Constantinus est constamment remplacé par Philosophas quidam ; de même, le nom de J&hannitius. que nous rencontrerons bientôt, celui d’Helpéric, que nous trouverons plus loin, ont cté remplacés par quidam. En effaçant tous les noms d’auteurs notoirement postérieurs à Bède, on a voulu rendre possible l’attribution de la Philosophia Mundi à cet auteur ; cette attribution ne résulte donc pas d’une erreur, mais d’une supercherie consciente.