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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/133

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


l’Astronomie leur furent successivement révélés ; ils y virent des théories poussées jusqu’à l’explication détaillée des phénomènes et, dans la doctrine de Ptolémée, une théorie conduite jusqu’à la prévision numérique minutieuse des mouvements célestes. Simple vue de l’esprit, qu’aucun géomètre n’avait précisée ni détaillée, la géniale hypothèse d’Héraclide ne pouvait prétendre à garder, dans l’attention des physiciens, une place que réclamaient à juste titre des systèmes scientifiques plus parfaits ; elle tomba dans l’oubli.

Cet oubli a été très grand, sans être, cependant, absolu ; de temps en temps, de Guillaume de Conches à Copernic, on a vu surgir un faible resouvenir de l’hypothèse d’Héraclide du Pont ; parfois, ce resouvenir était ramené au jour par quelque érudit, curieux des propos anciennement tenus ; parfois, il était pieusement gardé en quelqu’un de ces écrits routiniers qui semblent faits pour collectionner des idées mortes ; mais, de ces écrits, la providentielle mission est, bien souvent, de conserver les pensées momentanément démodées, graines à l’état de vie latente auxquelles, un jour, des circonstances favorables feront produire une nouvelle végétation.

Puisque la théorie d’Héraclide du Pont va être délaissée par le grand courant de la Science astronomique ; puisque, pendant plusieurs siècles, les discussions agitées entre doctes ne prêteront plus aucune attention à cette hypothèse, il sera peut-être bon de réunir ici quelques-unes des allusions par lesquelles elle a été sauvée du total oubli,

Le rabbin Abraham ben Ezra, né à Tolède en 1119, mourut en 1175. Astronome, astrologue, philosophe, exégète, médecin, poète, grammairien, il fut un des chefs de la Kabbale ; sa réputation, que manifestèrent les surnoms de Sage et d’Admirable, fut extrême.

Dans un de ses livres d’Astrologie, le Liber rationum [1], Aven Ezra s’exprime en ces termes :

« Ce n’est pas une mince discorde entre les savants que de savoir si Vénus et Mercure sont au-dessus ou au-dessous du Soleil. Une cause de cette discussion est la suivante : Il n’arrive pas que

1. Abrahe Avenaris Judei Astrologi peritissimi in re jadiciali opéra ; ab excellentissimo Philosopho Petro de Abano post accuratam castigationem in lutinum traducta. Introductorium quod dicitur principium sapientie. Liber rationum. Liber natiuitatum et reoolutionum earum. Liber interrogationum. Liber electionam. Liber luminarium et est de cognitione diei cretici seu. de cognitione cause erisis. Liber coniunctionum planetarum et revolutionum armant m mundi qui dicitur de mundo cel seculo. Tractai us insuper particulares eiusdem Abrahe. Liber de consuetudinibus in iudiciis astrorum et est centiloquium Bethkn breve admodum. Eiusdem de horis planetarum. Colophon : Explicit de horis planetarum Bethen. Ex officina Pétri Liechtenstein. Venetiis Anno Domini 1607. — Liber rationum, fol. XXXIIII., col. a.

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