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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/134

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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


l’on voie ces astres lorsqu’ils passent devant le Soleil. Une autre cause est celle-ci : Ces trois astres ont des excentriques égaux. Mais, à mon avis, les deux propositions sont également vraies ; ces planètes sont tantôt au-dessus du Soleil et tantôt au-dessous ; vous auriez besoin, à ce sujet, d’une longue explication. »

Cette explication, Aven Ezra ne la donne pas, d’ailleurs, à son lecteur ; celui-ci, cependant, aurait le droit d’être embarrassé par les perpétuelles variations du savant Rabbin ; dans son Liber luminarium [1], il place le Soleil en la seconde sphère, c’est-à-dire qu’il place Mercure et Vénus au-dessus de cet astre ; en maintes autres circonstances, conformément aux théories de Ptolémée, il met Vénus et Mercure entre la Lune et le Soleil.

Comment Aven Ezra avait-il eu connaissance de l’hypothèse d’héraclide du Pont ? Aucun auteur juif ou arabe n’en avait, du moins que nous sachions, fait mention avant lui. Il est permis de supposer qu’il l’a connue par la lecture du Commentaire au Timée de Chalcidius, car il connaissait cet ouvrage. En son Liber de mundo vel sæculo, qui fut composé en 1147 et traduit par Henri Bate en 1281, Abraham écrit [2], à propos de la musique céleste : « Platon en parle au Timée et ailleurs ; Chalcidius en parle également, avec une infinité d’autres philosophes ».

XII

L’HYPOTHÈSE D’HÉRACLIDE DU PONT AU XIIIe SIÈCLE.
BARTHÉLEMY L’ANGLAIS

Nous avons parlé, il y a un instant, de livres routiniers ; il serait difficile d’en trouver un qui le fût à plus haut point que le De proprietatibus rerum écrit Barthélemy l’Anglais [3].

Au xvie siècle, John Leland a avancé, mais comme une conjecture qu’aucune preuve ne vient appuyer, que Barthélemy appartenait à l’illustre famille des Glanville, de Suffolk ; de là, l’usage

1. A br a h.s Avenezr.e Liber luaiinarium, cap I ; éd. cit., fol. LXXI, col. o.

2. Abrah.e Avenezræ Liber de conjanctionibus qui dicitur de mundo vel steculo, cap. de conjunctione ; éd. cit., fol. LXXX, col. d,

3. Sur Barthélemy l’Anglais, voir : Léopold Delisle, Traités divers sur les propriétés des choses (Histoire littéraire de la France, t. XXX, pp. 353-355) — Ch. V. Langlois, La connaissance de la Nature et du Monde au Moyen Âge, d’après quelques écrits français à Tusage des laïcs, Paris, jqii ; pp. u4~u8— Sbaraleæ Supplementum ad Scriptores trium ordinum S. Fcancisci, art. Bartholomœus Glaunvillus, Editio nova, R’omæ, MCMVI1I, pp. 120-123.

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